Ces syndicats qui nous gouvernent 2
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Je vous écrivais lundi que la liberté d'association n'était l'apanage de personne. Même les employeurs ont le droit de s'associer ! La Fédération des chambres de commerce du Québec a célébré ses 100 ans en 2009. La même année, le Conseil du patronat du Québec soufflait 40 bougies. II y a aussi les Manufacturiers et exportateurs du Québec et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Une foule d'autres associations d'affaires ou d'entrepreneurs existent au Québec. Aucune n'a jamais eu le soutien de l'État comme l'ont eu la FTQ, la CSN, la CSQ, la CSD; pour ne nommer qu'elles. Surtout depuis la fin des années 1970.
L'équilibre rompu
À partir de 1977, le Code du travail du Québec se transforme par une série de mesures favorisant les salariés brisant ainsi l'équilibre relatif entre employeurs et employés. La plus radicale de ses mesures est certainement les dispositions antisalariées de remplacement, qui demeure 34 ans plus tard une curiosité légale au nord du Rio Grande (sauf une loi similaire adoptée en 1993 en Colombie-Britannique).
Précisions linguistiques, si vous permettez. Le mot «gréviste» est presque bucolique, voire mythique, on l'a vu dans ma chronique de lundi. Les expressions «briseur de grève» ou encore pire, «scab», revêtent un sens on ne peut plus péjoratif (à noter qu'ils n'apparaissent ni l'un ni l'autre dans nos lois du travail, c'est un spin syndical tendancieux qui perpétue leur usage dans les médias). En outre, comment être un briseur de grève durant un «lock-out»? Et ce mot, anglais encore, sans doute pour faire sentir que les employeurs, associés à l'impérialisme anglosaxon, tyrannisent toujours les employés qui ne demandent pourtant qu'à travailler. Lui, ce mot, apparaît en toutes lettres dans nos lois. Dès lors, faire la grève est beaucoup plus noble que «commettre» un lock-out. Le mot «travailleur», monopolisé par les grandes organisations syndicales, est détourné de son sens véritable. Les étudiants travaillent, les bénévoles travaillent, les employeurs travaillent, les travailleurs autonomes travaillent et une majorité de salariés non syndiqués se lèvent chaque jour pour travailler. C'est la raison pour laquelle j'insiste sur le terme salarié ou employé.
Mentalité anti employeurs
Cet exercice de style peut vous paraître futile, mais dans les faits, il vient teinter une mentalité anti employeurs, anti entrepreneurs et anti création de richesse. D'ailleurs, cette mentalité se traduit dans toutes sortes de préjugés, des présomptions légales même, qui laissent entendre que les employeurs ne sont pas dignes de confiance.
Des exemples? Je reviens sur les dispositions antisalariées de remplacement. On justifie ces mesures par des situations qui existaient dans les années 1970: violence et durée des conflits (Robin Hood, United Aircraft et La Presse, notamment, source l'Aut'Journal, 2002, entrevue avec Robert Burns). Non seulement le contexte a changé du tout au tout, mais les chiffres ne reflètent pas de différence ni sur la durée ni sur le nombre d'arrêts de travail entre le Québec et l'Ontario! J'ai les chiffres, mais il serait trop long de les fournir ici.
Qui plus est, pour paraphraser Me Jean-François Munn, si les salariés en arrêt de travail obligatoire (lock-out) reçoivent des fonds de grève, s'ils gagnent des revenus d'autres sources, s'ils concurrencent ouvertement leur employeur, s'ils appellent au boycott du produit de leur employeur, où est l'équilibre? Où est la légitimité de cette mesure? Surtout face à des PME.
Mais dans nos lois du travail, il y a de nombreuses anomalies - pas des modèles de démocratie par ailleurs - qui font présumer la mauvaise foi de l'employeur. Par exemple, l'accréditation par signature de cartes au lieu du scrutin secret systématique... Lundi prochain: Le nerf de la guerre!