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Opinion

De la pertinence de Gilles Duceppe

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Comme beaucoup de mes concitoyens, j'ai toujours été convaincu de l'utilité du Bloc québécois à Ottawa. Depuis qu'il existe, le Bloc a envoyé à chaque élection une majorité de députés le représenter à Ottawa. Ses détracteurs trouvent toujours une explication extraordinaire pour expliquer les succès du Bloc et affirmer du même souffle que, cette fois, il a perdu de sa pertinence. Je ne suis pas de cet avis.

Un pouvoir effectif

Ce n'est pas parce que le Bloc ne vise pas à prendre le pouvoir à Ottawa qu'il n'a pas de pouvoir effectif et réel sur les décisions qui y sont prises, tant s'en faut. Et ceux qui prétendent le contraire sont, à mon humble avis, de mauvaise foi. Le plus récent exemple : qui peut le mieux influencer le gouvernement Harper sur la compensation de l'harmonisation de la TPS et de la TVQ ? Réponse : Gilles Duceppe. Il faut quand même rendre à César ce qui lui appartient.

Le premier ministre du Québec ne peut que faire des suppliques insistantes. Que peut-il faire d'autre? Ce n'est pas de sa faute, il n'a aucun rapport de force véritable sur les 2,2 milliards $ que réclame le Bloc. M. Duceppe peut défaire le gouvernement et précipiter M. Harper une fois de plus dans une élection au sort incertain. Minoritaire, ce dernier aura terminé sa carrière politique...

Michael Ignatieff ? Poser la question c'est y répondre. Qui d'autre?

Quel Québécois digne de ce nom peut se plaindre de jouir d'un tel pouvoir politique autrement que pour des raisons partisanes évidentes ?

Des critiques injustifiées

On ricanait beaucoup dans les chaumières quand Gilles Duceppe a décidé de chausser les énormes bottes de Lucien Bouchard. On ne ricane plus aujourd'hui. Il est devenu le leader le plus expérimenté, le plus rigoureux et le plus redoutable d'un parti fédéral. Ses adversaires fédéraux l'accusent de «bloquer» la formation de tout gouvernement majoritaire au Canada. Est-ce bien dans l'intérêt du Québec que d'avoir un gouvernement majoritaire au Canada ? Cet équilibre délicat - un gouvernement minoritaire, qu'il soit libéral ou conservateur, ou encore un gouvernement de coalition - est peut-être dans tous les cas de figure un avantage pour les intérêts supérieurs du Québec.

N'oublions pas que le plus important affront commis par le gouvernement fédéral contre l'Assemblée nationale du Québec a eu lieu en 1982. Contre l'unanimité des partis représentés à l'Assemblée nationale, 73 députés libéraux fédéraux sur 74 (sur 75 députés au total) ont suivi la ligne de parti pancanadienne imposée par Pierre-Elliot Trudeau. Les formules d'amendement de la Constitution de 1982 sont venues changer pour toujours les règles du jeu sans le consentement du Québec. Un affront pareil ne risque pas de se produire avec le Bloc à Ottawa !

L'histoire

Je n'en fais pas une question partisane. Le programme du Bloc québécois est beaucoup trop à gauche pour moi ! Mais ça ne dérange pas, précisément parce qu'il ne prendra jamais le pouvoir. Mais pour les choses majeures -les 2,2 milliards $ -, il sera toujours au rendez-vous.

Je ne sais pas non plus ce que l'Histoire retiendra de cette période et de l'appui systématique d'une grande diversité de Québécois au Bloc, mais, en toute objectivité, ça m'étonnerait qu'on explique le phénomène par une série de hasards successifs.

audet_commentaire@journalmtl.com

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