/news/currentevents
Navigation
Paiement direct | Litige

Des restaurateurs choqués

Khalil Mekari et Charbele Assaad sont mécontents de la tournure des événements.
© Reynaldo Marquez/Agence QMI Khalil Mekari et Charbele Assaad sont mécontents de la tournure des événements.

Coup d'oeil sur cet article

Une compagnie américaine spécialisée dans la location de terminaux de paiement direct, dont les pratiques d'affaires sont déjà controversées aux États- Unis, tente présentement de s'implanter au Québec, non sans faire ici aussi des mécontents. Parlez-en au restaurateur Khalil Mekari.

« Ils m'ont dit que je pourrais annuler le service quand je voudrais, contre une pénalité de 300 $. Mais ils m'exigent désormais de payer 2 100 $ pour la totalité du contrat », tonne M. Mekari.

« On s'est fait avoir. On veut dire aux autres commerçants de faire attention avec qui ils font des affaires », ajoute son associé, Charbele Assaad. Les deux hommes possèdent le restaurant Grillades Torino, au Carrefour Laval.

Chantal Côté, porte-parole de Pizza Silvana, à l'est de la Montréal, abonde dans le même sens.

« On a décidé de garder le service, parce que les coûts d'annulation sont trop élevés. Ça ne vaut pas la peine d'annuler », déplore Mme Côté.

Suspicions de fraude aux États-Unis

Ces commerçants disent avoir eu des difficultés le jour où ils ont décidé de faire affaires avec Collective POS, un fournisseur de service de paiement de type Interac pour leur restaurant.

Depuis l'automne 2010, la compagnie ontarienne Collective POS et l'Américaine Northern Leasing Systems (NLS) tentent une percée commune dans ce marché au Québec.

Or, Northern fait l'objet d'un recours collectif aux États-Unis, où des dizaines de milliers de gens d'affaires la poursuivent pour pratiques frauduleuses. Elle tente malgré tout de s'imposer ici par le biais de l'Ontarienne Collective POS.

« POS nous ont offert un meilleur service. On s'est laissé tenter. Ils disaient qu'on pouvait annuler en tout temps si on était insatisfait, dit Khalil Mekari. Ce qui ne tarderait pas à arriver.»

Un contrat de cinq ans

Les commerçants interrogés par le Journal disent avoir offert de payer les 300 $ de pénalité et POS Collective a annulé le volet transactionnel du contrat. Par contre, elle a refusé de reprendre le terminal de paiement loué par les restaurateurs.

«Ils m'ont dit de m'arranger avec la Northern Leasing Systems, parce que le bail de location du terminal aurait été fait avec elle. Quoi ? C'était la première fois que j'en entendais parler. »

Ce bail de location est non annulable et d'une durée de 60 mois, soit cinq ans. La Northern exige des restaurateurs de payer le somme de 2 100 $ correspondant à la durée totale du bail.

« C'est trop cher, c'est ridicule », s'indigne Chantal Côté, qui a aussi appris l'existence de la Northern, le jour où elle a voulu annuler son service avec Collective POS. Ces entreprises n'ont pas retourné nos appels.

Recours collectif en vue

La compagnie américaine Northern Leasing Systems, spécialisée dans la location de terminaux de paiement direct, fait l'objet d'un recours collectif dans l'État de New York.

Des dizaines de milliers de gens d'affaires de partout aux États-Unis accusent NLS de pratiques frauduleuses. Les demandeurs lui reprochent, notamment, d'avoir conclu à leur insu un contrat de non annulable d'une durée de 60 mois pour la location d'un terminal.

Sommes substantielles

« Nous espérons obtenir une audience devant le tribunal de l'État de New York, d'ici la fin de cette année », a confié au Journal l'avocat des plaignants, Krishnan Chittur, depuis ses bureaux de la Grosse Pomme.

Le montant réclamé n'a pas encore été fixé. « Je représente plusieurs dizaines de milliers de demandeurs. Les sommes pour dommages punitifs seront substantielles », ajoute Me Chittur.

Cour suprême de New York

La Cour suprême de New York a autorisé ce recours collectif en 2009. Les avocats de NSL ont tenté de le faire dérailler en appel, mais sans succès.

Northern Leasing Systems tente de percer le marché québécois depuis l'automne dernier, en s'alliant avec l'Ontarienne Collective POS.


Drôle de bail

Ce n'est pas ma signature

Le restaurateur Khalil Mekari reconnaît avoir en sa possession un bail « non annulable » d'une durée de 60 mois pour la location d'un terminal de paiement de Northern Leasing Systems. Or, il dit ne pas reconnaître sa signature.

Oui, c'est sa signature

Le représentant de Collective POS, Michael Kahn - qui ne commente pas officiellement pour le compte de la société- affirme cependant que M. Khalil a bel et bien signé ce contrat et qu'il s'agit de sa signature.

Versions contradictoires

Étrangement, un reportage diffusé sur le réseau américain ABC en 2009 validerait la version du restaurateur québécois. Plusieurs gens d'affaires y disaient ne pas reconnaître leur signature ou initiales.

Qui a raison ?

Un tribunal de New York devrait entendre le recours collectif formé par 1,1 million de demandeurs contre la Northern Leasing Systems, d'ici la fin 2011.

Commentaires