Affaire réglée en 20 minutes
Sans cours ni évaluation, des écoles de conduite n’hésitent pas à vendre l’attestation nécessaire à l’obtention du permis
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Pourtant, la loi est claire : un élève doit suivre 10 heures de cours étalées sur un mois et réussir un examen au préalable.
Une situation que dénoncent avec virulence les experts en sécurité routière appelés à réagir à cette enquête (voir texte).
Ces dernières semaines, le représentant du Journal s’est présenté incognito dans 16 écoles de conduite de la région de Montréal, muni de caméras cachées.
Il s’identifiait comme un jeune homme voulant obtenir rapidement son permis et affirmait connaître le Code de la sécurité routière.
Le quart des écoles fautives
Plus du tiers des écoles visitées ont accepté de contourner les règles établies. Et le quart ont remis l’attestation au Journal sans une seule minute de cours, certaines sans même qu’un examen soit administré.
Dans trois cas, le journaliste n’a eu qu’à s’inscrire à l’ensemble des cours pour obtenir son attestation.
Une école du quartier Parc-Extension a pour sa part accepté de remettre à notre journaliste le document sans aucune condition, moyennant 405 $.
« Si tu payes pour la moitié du programme (...) on peut s’arranger », avait affirmé le propriétaire sans ambages, alors qu’un autre client était présent dans la salle.
Tout s’est réglé en moins de 20 minutes. Pas de cours, pas d’examen.
En à peine plus de trois heures passées dans les écoles fautives, nous sommes parvenus à obtenir quatre attestations sans jamais suivre un seul cours.
Le document porte pourtant le sceau des écoles, la signature d’un employé autorisé et les fausses dates auxquelles notre journaliste aurait supposément suivi les cours.
Un examen pris à la légère
À Verdun, une autre école a accepté de délivrer l’attestation sans suivre de cours, mais a exigé que notre journaliste se soumette à un examen théorique. Après deux échecs (volontaires), l’employée a tout de même accepté de signer le document.
« Je ne suis pas supposée de faire ça », a admis l’employée tout en remplissant l’attestation.
Une autre école, à Brossard cette fois, a accepté de fournir l’attestation sur le champ, mais lui a par la suite fait passer un examen théorique « pour que ça ait l’air réglementaire ».
Mais à la demande de notre journaliste, la responsable lui a fourni un document contenant toutes les réponses de l’examen.
Depuis deux ans, la SAAQ s’est désengagée et a mis entre les mains des écoles de conduite la responsabilité de faire passer les examens et délivrer les attestations pour obtenir le permis d’apprenti conducteur.
Or, il appert qu’elles sont loin de toutes être dignes d’une telle confiance.