Plus boycott que grève
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La notion de grève véhiculée tous les jours relativement au mouvement de contestation étudiant n’est pas le bon terme. Il faudrait plutôt parler de « boycott ».
Le concept de grève n’est pas applicable au statut d’étudiant, mais bien au domaine des relations de travail dans un lien d’emploi entre une entreprise et ses employés. Je ne joue pas ici sur les mots pour le plaisir. Je ne me prête pas non plus à un simple exercice de vocabulaire. C’est un fait duquel découlent certains éléments juridiques.
Une grève est un droit qui existe et qui est utilisé afin de faire valoir, dans un contexte de loi du travail, des demandes et des améliorations aux conditions des travailleurs et des travailleuses.
Dans le cas qui nous occupe, nous sommes face à une revendication étudiante, justifiée ou non, qui s’apparente bien plus à un boycottage.
Devant la Justice
C’est ainsi que des individus ne partageant pas l’opinion d’une majorité peuvent recourir à la justice pour faire valoir leur droit individuel malgré un mouvement étudiant qui présente des mandats majoritaires.
On n’a qu’à penser à cet étudiant de l’Université Laval qui a obtenu une injonction provisoire lui permettant d’assister à son cours d’anthropologie. Ou encore aux étudiants de Rimouski qui se sont regroupés pour faire parvenir une mise en demeure à la direction de leur université exigeant la reprise des cours, malgré le vote de « grève ».
D’autres songeraient également à utiliser les tribunaux pour faire valoir leur droit d’étudier.
Cette façon de faire peut sembler marginale, mais elle traduit des dissidences importantes au sein du mouvement.
Lourdes conséquences
Combien de temps encore durera ce boycottage ? L’échéance arrive à grands pas. Il reste à peine quelques jours avant que l’année scolaire soit en péril. C’est à ce moment que tout va se décider.
Les chefs étudiants laissent entendre que la ministre de l’Éducation devra fléchir pour éviter l’engorgement du réseau universitaire en septembre prochain. Le gouvernement ne bronche pas, comme s’il n’y avait pas là un enjeu réel.
Ce qui risque d’être un véritable problème, cependant, au rythme où vont les choses, c’est l’obligation pour plusieurs de reporter le début du travail estival. Si les plus chanceux pourront au mieux commencer plus tard, les grands perdants seront ceux dont le stage en milieu de travail sera compromis.
Et c’est sans parler des pertes considérables découlant d’une éventuelle annulation de l’actuelle session.
Perdre un trimestre engendrerait un manque à gagner important, tant au niveau de la diplomation que du déficit financier découlant d’une entrée retardée sur le marché du travail.
La différence
Les grèves et les lock-out encadrés par les lois du travail en arrivent toujours tôt ou tard à passer par des mécanismes de médiation, d’arbitrage, de négociations pour trouver un terrain d’entente.
Pas un boycottage...