Des milliers de dollars en garantie
La société d’État exige des gros dépôts pour brancher les entrepreneurs à son réseau
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Hydro-Québec ne prend pas de risque avec les petites et moyennes entreprises (PME). Elle exige des milliers de dollars en dépôts de garantie. Une pratique que dénoncent certains nouveaux entrepreneurs.
À 27 ans, Pegah Niki-Rad avait bien planifié son affaire afin d’ouvrir une garderie privée à Brossard. Pendant un an, elle a tout étudié et calculé les moindres dépenses.
La seule chose qu’elle n’avait pas prévue, c’est qu’Hydro-Québec lui réclamerait 4 000 $ en dépôt en garantie. « J’ai reçu un avis me menaçant de couper le courant, le 13 janvier, si je ne payais pas cette somme », dit-elle.
La jeune femme d’affaires a réussi à faire réviser ce montant à baisse et s’est entendue avec la société d’État pour un dépôt de 2 000 $. Malgré tout, elle trouve que cette exigence est dommageable aux jeunes entreprises.
« Demander des dépôts gardés en garantie pour des périodes allant jusqu'à 48 mois, peu importe le montant, peut être extrêmement nuisible pour des entreprises en démarrage. Le gouvernement se vante de stimuler l'économie en favorisant le démarrage de PME, mais des pratiques comme celle-là montrent totalement le contraire », dit Mme Niki-Rad.
Une pratique courante
Hydro-Québec, conformément à l’article 9.2 de ses conditions de services, a le droit d’exiger ces dépôts de garantie pour tout nouvel abonnement commercial et le fait depuis le milieu des années 1980. Le tarif, calculé selon la capacité de l’entrée électrique de l’abonné, varie beaucoup d’une entreprise à l’autre.
Vincent Arthur Ouellette fabrique des produits d’épicerie fine dans un loft de Rosemont. Il est tombé des nues quand il a reçu une réclamation de 9 000 $ de la société d’État pour son local et son garage.
« Je trouve ça triste qu’Hydro-Québec mette des bâtons dans les roues de ceux qui veulent lancer leur entreprise, dit l’homme d’affaires. Pour moi, 9 000 $ qui dorment dans les coffres d’Hydro, c’est 9 000 $ que je n’investis pas dans mon entreprise. Je pensais embaucher un nouveau chef, mais là, je dois rassurer une entreprise qui fait 2,6 G$ de profits. »
La bureaucratie
Ces deux entrepreneurs se sont aussi butés à la bureaucratie d’Hydro-Québec. « Je calcule que j’ai passé au moins trois heures à attendre au téléphone que quelqu’un me réponde. La seule fois où l’on a réussi à parler à une employée, elle nous a envoyé paître et nous a raccroché au nez », raconte le bras droit d’Arthur, Yves Parent.
Alors que l’employé essayait depuis des semaines de régler ce contentieux avec Hydro-Québec, la société d’État l’a finalement rappelé pour lui annoncer que le dossier serait analysé. Le téléphone a sonné quelques heures après que le Journal eut contacté Hydro-Québec au sujet de ce dossier.