Une gestion controversée
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Nommée « Personnalité de la semaine », en 2010, par des médias montréalais pour sa gestion de la Société du Vieux-Port de Montréal, Claude Benoit a pris des décisions administratives et réclamé des remboursements de dépenses, qui soulèvent des questions, révèle une enquête menée par l’Agence QMI.
Vacances de rêve payées en partie par les contribuables, dispute légale coûteuse contre des locataires du Vieux-Port, partenariat d’affaires avec un pédophile condamné, réunions dans de luxueuses stations de ski, etc. La liste des dossiers controversés pilotés par Mme Benoît est longue.
Tout cela avec un climat de véritables portes tournantes dans son entourage : au cours des dernières années, Claude Benoît a perdu huit de ses vice-
présidents, licenciés ou partis d’eux-mêmes.
Repas et réunions
L’enquête de QMI montre que la chef de la direction de la Société du Vieux-Port de Montréal (SVPM) a dépensé 55 487 $ pour deux retraites de travail à Mont-Tremblant pour elle et ses dirigeants, tenues depuis 2009, ainsi que pour 169 repas préparés par des traiteurs et livrés à leurs bureaux.
Les contribuables ont subventionné les « déjeuners de travail », les buffets, et les boîtes à lunch pour les employés de la Couronne préparés par les traiteurs des restos-boutiques du Vieux-Port comme Avec Plaisir, Francis Beaulieu Traiteur, Europea Espace Boutique et Le Cartet, ce qui a coûté aux contribuables la somme de 38 487 $.
Les employés ont eu droit à des menus variés, comprenant du « parmentier de canard, pommes de terre douces & fenouil » ou un « filet de bar sauvage escabèche vinaigre de riz algues ».
« Gaspillage » à Mont-Tremblant
Les contribuables ont aussi financé deux retraites de trois jours pour l’équipe de direction et certains adjoints, en 2009 (28 septembre au 1er octobre) et en 2010 (29 septembre au 2 octobre) pour un total de 17 000 $, incluant les repas, l’hôtel et le transport.
Les événements se sont déroulés à l’hôtel-boutique l’Ermitage du Lac et à l’hôtel Marriott de Mont-Tremblant, montrent des documents.
La porte-parole de la SVPM, Nadia Paquet, a qualifié les dépenses de « raisonnables », en disant que les dirigeants devaient être capables « de se retirer des obligations opérationnelles du quotidien pour se concentrer sur le plan d’entreprise ».
Mais un participant a déclaré que les séances étaient un « gaspillage » de l'argent des contribuables et une occasion pour Mme Benoit de manger dans les restaurants haut de gamme de la région aux frais des contribuables.
Des parasols à 5000 $
Par ailleurs, le Vieux-Port de Montréal a dépensé, à la demande de Mme Benoit, plus de trois millions de dollars en fonds fédéraux pour construire une plage urbaine avec des parasols au coût de 5000 $ chacun.
Le Vieux-Port a pris cette décision même après avoir reçu le rapport d'un consultant en ingénierie qui a déclaré que la SVPM devait effectuer des mises aux normes urgentes dans son siège social, notamment en ajoutant des gicleurs pour prévenir des incendies.
► Mme Benoit a refusé de nous accorder une entrevue face à face, mais elle a défendu sa gestion de la société de la Couronne par l’entremise d’un porte-parole. Elle dit avoir toujours pris des décisions de gestion et de dépenses dans les intérêts des contribuables et du Vieux-Port, sans favoriser ses choix personnels ou des projets partisans.

Qui est Mme Claude Benoit ?
Née en 1952.
Biologiste de formation, passionnée de sciences.
Elle a joué un rôle clé dans la mise sur pied de la Biosphère et du Biodôme de Montréal.
Nommée membre de l’Ordre du Canada et récipiendaire de la médaille McNeil de la Société royale du Canada, en 2004.
Nommée Personnalité de la semaine de La Presse et de Radio-Canada, en 2010.
Récipiendaire du prix Frederick G. Todd décerné par l'Association des architectes paysagistes du Québec, en 2012.
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La société du Vieux-Port de Montréal en bref
Société de la Couronne créée en 1981.
Sa société sœur, Downsview Park, à Toronto, gère un parc urbain qui était autrefois une base militaire.
Comprend notamment le Centre des sciences de Montréal et le quai de l’horloge.
Emploie 182 personnes à temps plein.
350 personnes y travaillent durant la saison touristique estivale.
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