Une guerre à finir
Le Vieux-Port a dépensé gros en avocats en tentant d’expulser des restaurateurs
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La Société du Vieux-Port de Montréal (SVPM) a dépensé en vain plus de 110 000 $ d’argent public pour une campagne juridique visant à expulser les propriétaires du restaurant Scena. Devant le tribunal, la SVPM a mordu la poussière et le juge l’a même condamnée à payer à l’entreprise familiale tous les frais judiciaires et dépens.
La Société du Vieux-Port et sa chef de la direction, Mme Claude Benoît, ont jusqu’à présent autorisé des déboursés de 112 153 $ en frais juridiques pour expulser l’homme d’affaires Pierre Carrier et son fils David. Ceux-ci ont pourtant versé au gouvernement 20 000 $ par année en loyer pour exploiter leur restaurant-bar.
Cette nouvelle affaire fait suite à une enquête de l’Agence QMI publiée, hier, dans nos pages, dans laquelle les dépenses et la gestion de l’administration de Mme Claude Benoît étaient mises en doute.
Tout avait débuté en 2008 pour les Carrier, alors que la Société du Vieux-Port avait demandé au secteur privé de faire des propositions pour exploiter un restaurant thématique sur ses quais.
Seuls les Carrier ont soumis une proposition, suggérant une cuisine de type méditerranéen avec de l’animation fournie par le fameux cirque Les 7 doigts de la main. Ils ont signé un bail de cinq ans, en juin 2008, et ont plus tard baptisé leur resto-terrasse du nom de Scena. Un investissement dans les infrastructures de 576 790 $, selon eux.
Pour les trois premières années, Scena devait payer 20 000 $ par année comme loyer de base en plus de verser entre 3 % et 9 % de ses ventes brutes. Après trois ans, ce loyer est passé à 60 000 $, plus 5 % à 10 % des revenus bruts.
Entente résiliée
Moins de deux ans plus tard, les avocats du Vieux-Port leur ont remis une lettre leur ordonnant de quitter les lieux : l’entente avait été résiliée.
« C’était comme [recevoir] une brique sur la tête. Pendant des mois, je ne dormais plus », a dit Pierre Carrier en décrivant ses affrontements avec Mme Benoît, le Vieux-Port et son escadron d’avocats.
Ceux-ci alléguaient que Scena n'était pas assez rentable, n’avait pas offert le divertissement promis et ses services de restauration étaient moins séduisants que promis.
Faux, rétorque M. Carrier : Scena a organisé des événements qui ont entraîné une couverture médiatique favorable.
Évoquant un « régime de terreur », David Carrier allègue à l’inverse, dans un document judiciaire, que le Vieux-Port a dès le départ causé des problèmes, « en modifiant une partie des lieux loués à son propre bénéfice, en changeant unilatéralement les règles du jeu [au] bail et en changeant la nature de la relation d'affaires prévue au bail ».
La société estime qu’elle doit veiller à l’application des meilleurs standards de gestion des biens publics et de ses activités commerciales.
« Il est normal que, si nécessaire et au besoin, elle utilise les services de professionnels afin de protéger ses intérêts », indique sa porte-parole, Nadia Paquet.
- Avec la collaboration de Kinia Adamczyk



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