La tradition à l’œuvre
Visite dans une maison de thé chinoise à l’ancienne
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Howard Low fait signe au client de s’installer à une petite table à dégustation. En posant sa main sur l’avant-bras, il dit prendre la pression, puis détermine que « le cœur est en bonne santé et que les poumons fonctionnent proprement. Par contre, la pression est un peu basse ».
Ainsi débute une visite chez Spécialithés, rue Clark, dans le quartier chinois.
M. Low recommande alors un thé vert, « un escargot vert » mélangé avec du ginseng oriental « pour augmenter la pression et donner de l’énergie ».
M. Low est une vraie boule d’énergie, ses connaissances sur les bienfaits du thé semblent sans limites. Et sa dévotion à la médecine traditionnelle chinoise infatigable.
Médecine traditionnelle
Il raconte qu’il vend principalement du thé en vrac, en se préoccupant de « bien conseiller ses clients selon leurs besoins, en se basant sur la médecine traditionnelle chinoise. »
D’ailleurs, son commerce sobre, qui témoigne d’un profond enracinement de la tradition du thé dans la communauté chinoise, tranche avec les boutiques nord-américaines à la mode, qui misent parfois plutôt sur le goût et l'apparence.
Naviguant entre les oolongs, les pu-erhs et les thés verts, M. Low dit ainsi connaître les attributs de plus de 600 mélanges de thés offerts dans son magasin de la rue Clark.
Sur chaque bocal contenant les mélanges de thé, nous apercevons des signes illustrant les bienfaits du thé en question.
Un pu-erh avec du gingembre afin d’aider à la digestion et accélérer le métabolisme, ou un thé vert printanier « Mao Jian » pour réduire la pression et faciliter la circulation sanguine.
Ce même Mao Jian a été servi en 1972 lors de la première visite d’une délégation américaine menée par le président Richard Nixon en Chine maoïste.
Comme les vins
« Ce sont les produits qui sont rois ici. Des produits toujours importés directement de la Chine, sans intermédiaire », explique M. Low.
Il exhibe fièrement une boîte traditionnelle chinoise dans laquelle se trouve une véritable galette de thé pu-erh sec, récolté en 1994, « valant environ 400 $. »
Il nous présente ensuite un journal chinois sur les thés dans lequel on aperçoit une galette de thé pu-erh datant de 1950, son prix : 50 000 $ ! Les pu-erh sont des thés fermentés et vieillis ; comme le vin, plus c’est vieux, plus c’est cher.
philippe.bourdon@quebecormedia.com
