Le creux de l'été.

L'expression anglaise pour décrire là où nous en sommes dans la saison - et la campagne - est «the dog days of summer»: le creux de l'été. La nouveauté des temps chauds, les premiers festivals sont déjà derrière nous, les vacances aussi, pour plusieurs; les vitrines affichent déjà la mode d'automne, et, comme nous le rappelait Jean Charest mardi, le temps est venu de penser à acheter les fournitures scolaires...

Le mois d'août est à l'année québécoise ce que le dimanche est à la semaine: un jour de congé, certes, mais un peu mélancolique, parce que demain ce sera lundi.  Dans notre calendrier social bouleversé, lundi prochain sera effectivement un jour de rentrée...prématurée, dans plusieurs cégeps et facultés affectés par les boycotts étudiants du printemps -  que nous étions presque parvenus à oublier aux temps chauds.

Autant dire que nous sommes dans le creux de la vague.

Hier, Pauline Marois a dit que l'identité québécoise serait menacée si Jean Charest était réélu. Ah bon? D'habitude, quand les péquistes pèsent sur le bouton identitaire, c'est que les choses ne vont pas très bien pour eux. Elle a dit ça à Gaspé. Je n'ai pas saisi le lien entre le lieu et le message...

Il y a eu cette chicane entre la CAQ et la commission Charbonneau. François Legault reproche au procureur de la commission, Me. Lussier, d'avoir répliqué à M. Duchesneau qui, lui, reprochait à la commission de ne pas l'avoir incité proprement à divulguer des informations.  Charest, Marois s'en sont mêlés, des accusations ont fusé, mais, rendu là, dog days of summer obligeant, plus personne ne suivait le fil de leur truc...surtout qu'Alexandre Despatie a raté son dernier plongeon.

Les étudiants ont recommencé à voter - 65 sur un effectif de 700, genre - les autres travaillent tous chez McDo ou voyagent encore en Pologne ou au VietNam. Jean Charest était fier d'annoncer une entente en vue de la rentrée avec les syndicats de profs. Il s'est empressé de souligner que préserver le droit des étudiants de suivre leurs cours est ce qui le distingue de Mme Marois et de M. Legault - même si la CAQ a voté avec le gouvernement pour faire passer la Loi 78...qui devrait permettre le retour en classe, ou une nouvelle éruption de violence. Pauline Marois, qui portait le carré rouge au printemps, incite maintenant tous les étudiants à retourner en classe...

Le problème de Jean Charest est clair: seul à défendre le «système» contre la «révolution» il gagne. Mais la CAQ lui dispute maintenant cette position. Léo Bureau-Blouin promet, lui, de donner une fraction de son salaire de député pour financer des projets sociaux à Laval...

Bref: rien. Les chefs de partis ont été comme des boxeurs qui dansent et «sparagent» en troisième ronde, mais hésitent à ouvrir leur défense pour porter des coups.

Les Québécois qui ont pu profiter de ce merveilleux mardi d'août au golf, à la plage, ou à faire semblant d'être occupés au travail n'ont rien perdu d'essentiel.

Ça va se décider aux débats des chefs, dans un peu plus d'une semaine, je l'ai déjà dit...