300 000 $ dépensés pour les plantes
Une fortune en 2011-2012 pour les végétaux des ministères
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Les ministères du Québec et l’Assemblée nationale continuent à payer pour faire entretenir leurs plantes vertes par des fournisseurs privés. En 2011-2012, le contribuable a déboursé plus de 300 000 $ pour une dépense que la Ligue des contribuables juge « superflue ».
Selon une compilation faite par le Journal à partir de données obtenues en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics, une vingtaine de ministères ont arrosé les horticulteurs à hauteur de 306 773 $ pour l’entretien des plantes d’intérieur. Ces sommes sont préliminaires, puisque les factures pour l’année 2012 n’ont pas encore été toutes colligées.
De tous les ministères, celui de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) fait cavalier seul. L’entretien des plantes ne lui coûte absolument rien. Dans la foulée du budget Bachand de 2010, le MICC avait tout bonnement décidé de couper cette dépense.
« On n’achète plus de plantes et ce sont les employés qui s’occupent de celles qu’ils ont dans leurs bureaux tout simplement », avait expliqué une porte parole au Journal, en janvier 2011. Cet exemple n’a pas été suivi ailleurs.
Des contrats fort détaillés
Visiblement soucieux de la bonne exécution de la tâche, les organismes publics prévoient des clauses fort détaillées, et parfois drôles, dans leurs contrats avec les fournisseurs.
Ainsi, le ministère des Relations internationales (MRI) sent le besoin de préciser que les paysagistes d’intérieur Vertige « ne pourront être tenus responsables pour des dommages subits (sic) lors de circonstances incontrôlables tels : actes de vandalismes, surexposition des plantes à la lumière, panne d’électricité prolongée, grèves, sinistres, etc... ».
Au secrétariat du Conseil du trésor, on ordonne un « rapport hebdomadaire » pour détailler les tâches réalisées à chacune des visites. On préconise également que « chaque plante (doit être) arrosée individuellement dans son pot et ne recevoir que la quantité d’eau requise ».
Au ministère de la Famille et des Aînés, on demande aux contractants de « travailler proprement et discrètement ». Précis et méticuleux, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) s’assure que le contractant remplace, dans un délai de 30 jours, toute plante morte. La garantie « ne couvre pas les plantes dont le contenant est d’un diamètre de six pouces ou moins », clarifie-t-on.
« Pris à la gorge »
Du côté de la Ligue des contribuables du Québec, la directrice générale, Claire Joly, croit qu’il s’agit là d’une « dépense superflue. Ça frustre les citoyens qui attendent que l’appareil gouvernemental réduise le plus possible ses dépenses ».
Mme Joly soutient que « dans le contexte difficile où les contribuables sont pris à la gorge, le gouvernement devrait envoyer un signal clair sur toutes les dépenses non essentielles comme celle-ci ».
Admettant que la somme en jeu « ne va pas régler le déficit du Québec », la directrice générale de la ligue a ajouté qu’elle « ne fera pas de scandale avec 300 000 $ ».
Dans un exercice similaire publié en janvier 2011, le Journal avait révélé que les dépenses de divers ministères et organismes gouvernementaux furent de deux millions de dollars entre 2008 et 2010 pour l’entretien de plantes d’intérieur.
Avec la collaboration de Serge Laplante
coûteux
Solidarité sociale
Guillaume Beaurivage