Du théâtre aussi puissant que de la dynamite
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Que de moments forts dans ce spectacle ce jour-là, autour d’une table faisant allusion à ce moment-là. Une distribution forte, une histoire renversante, des personnages hauts en couleur, le tout dans une mise en scène extraordinaire, signée Denis Bernard. La pièce Ce moment-là est un véritable tour de force dans un contexte très actuel.
Présentée en grande première, mercredi soir dernier à La Licorne, la pièce irlandaise Moment, de l’auteure Deirdre Kinahan, est une pièce sublime qui fait ressortir toute une gamme d’émotions. Les personnages vont rire entre eux, se choquer, se blesser et s’aimer aussi.
Ce moment-là, c’était il y a une quinzaine d’années, alors que Nial, campé par Patrick Hivon, était encore un adolescent. Il a commis un geste irréparable qui aura de terribles conséquences sur toute sa famille.
Ce jour-là, c’est lors d’un souper de famille, 15 ans plus tard. Nial a été jugé pour son crime, a payé sa dette durant des années en prison et aujourd’hui, son erreur de jeunesse est loin derrière, alors qu’il mène une vie quasi parfaite. Il a développé son talent d’artiste-peintre, expose ses toiles à travers l’Europe, il voyage, gagne bien sa vie et en prime, il vient d’épouser la belle Ruth, interprétée par Christine Beaulieu qui elle, travaille dans une galerie d’art.
Patrick Hivon est très crédible dans son rôle. Bien qu’il tente de regarder devant, son passé le rattrape. Sa famille va crier «présent», pour lui rappeler son passé.
Sa sœur le condamne
Presque tous les membres de la famille tentent d’agir comme si rien n’avait eu lieu. Sa mère et ses deux sœurs vont accueillir Nial, qui vient leur présenter sa nouvelle épouse après avoir coupé les ponts durant des années. Puis, voilà que sa sœur Niamh, jouée par Émilie Bibeau, va lui jeter son passé en plein visage. Elle condamne son geste et n’arrive pas à lui pardonner. Elle a perdu son enfance à cause de son frère. À ses yeux, l’acte commis par Nial est trop grave et trop lourd de conséquences. Au beau milieu du repas, elle explose. Émilie Bibeau offre une prestation spectaculaire, elle est littéralement survoltée sur scène. Puis, ce sera au tour de son autre sœur, Ciara (Alice Pascual) de faire des siennes.
Une mère aveuglée par l’amour
La mère de Nial, Teresa, personnifiée par Louise Laparé, aime son fils au point d’avoir perdu le contact avec la réalité.
Néanmoins, les conséquences sont importantes pour elle aussi. Louise Laparé est excellente dans l’interprétation d’un personnage souffrant autant physiquement que psychologiquement.
Un suspense
La pièce est infiniment bien montée. Les intrigues et les mystères nous sont dévoilés petit à petit, afin de garder un bon suspense tout au long de la performance.
Bien que l’histoire soit dramatique, en première partie, on nous présente un contexte plutôt amusant faisant rire l’ensemble des spectateurs. La seconde partie, étant beaucoup plus lourde, fera inévitablement réfléchir, le questionnement se trouvant au cœur de la pièce.
Voici une belle histoire sur la résilience, le pardon, les secondes chances et sur les conséquences des gestes commis engendrant l’irréparable.
Un spectacle à voir absolument même pour ceux qui ne sont pas nécessairement des amateurs de théâtre.