Un bastion de hockey
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PLANO, Texas – Plano, une grouillante communauté de 260 000 personnes souvent considérée comme l’une des meilleures places où vivre en Amérique, est aussi l’un des endroits les plus prisés par le milieu corporatif.
Lorsque l’on conduit le long de ce terrain plat et désert («plano» signifie «plat» en espagnol), on croise des immeubles abritant les quartiers généraux de quelques compagnies comme Dell et Hewlett-Packard, Dr. Pepper-Snapple et Pizza Hut, CA Technologies et Ericson. C’est dans cette ville que sont produits quelques-uns des biens les plus prisés en Amérique du Nord.
Des ordinateurs portables. Des téléphones intelligents. De la pizza.
Vous pouvez ajouter un autre produit à cette liste : des hockeyeurs de premier plan.
Cette banlieue de Dallas-Fort Worth pourrait bien être le lieu de naissance du premier choix à la séance de sélection de la LNH en 2013. Ainsi, Plano aura vu deux des siens être appelés au premier tour au cours des trois dernières années.
Ce qui représente plus que, par exemple, le nombre de joueurs natifs de Montréal repêchés au cours de cette période.
Le défenseur Seth Jones, fils de l’ancien avant de la NBA Popeye Jones, projeté par les rapports de «Red Line» comme le premier choix du prochain encan, a grandi dans cette ville pendant que son père portait les couleurs des Mavericks de Dallas. Stefan Noesen, attaquant des Whalers de Plymouth, a été repêché 21e par les Sénateurs d’Ottawa en 2011, est né à Plano et y a joué jusqu’à ce qu’il déménage au Nord, à 14 ans.
Chris Brown, choix de deuxième tour des Coyotes de Phoenix en 2009, a aussi pratiqué son hockey mineur dans cette ville, après avoir donné ses premiers coups de patin à Raleigh, en Caroline du Nord. Il porte présentement les couleurs de l’Université du Michigan.
À l’ombre des Cowboys
Ces trois joueurs ont pratiqué leur hockey mineur là-bas, y ont appris le sport, ont vu leur passion pour celui-ci grandir dans cette municipalité située non loin d’Irving, à l’ombre du Texas Stadium et des Cowboys de Dallas.
«C’est génial de voir des gars émerger d’ici. De voir d’autres joueurs natifs du coin se tailler une place dans ce sport, ça me fait sourire, a raconté Noesen.
«Nous prouvons que d’autres endroits que le Canada, le Michigan ou le Minnesota peuvent produire des joueurs de hockey. Nous pouvons le faire autant que les autres.»
Noesen est tombé sous le charme du hockey quand son arrière-grand-père, qui aurait des racines au Canada, lui a montré les bases du patinage sur le plancher du salon de sa maison à Lubbock, au Texas. C’est là que la mère de Noesen est née. Celui-ci avait deux ou trois ans à l’époque, selon ses souvenirs.
«Quand nous sommes revenus à Plano, j’ai dit de toutes les façons possibles à mes parents que je voulais jouer au hockey», a-t-il raconté.
«Les Stars ont déménagé dans la région quand je suis né et quand j’ai commencé à jouer, il existait des ligues pour les jeunes.»
Plano est un exemple flagrant de l’émergence du hockey aux États-Unis. Un marché de hockey non traditionnel qui s’est développé avec l’arrivée des Stars, en 1993, l’année de naissance de Noesen, pour devenir un autre berceau du hockey dans ce pays.
Les arénas, la clé
Reconnaissant qu’ils devaient développer un bassin d’amateurs de hockey – existe-t-il un meilleur moyen de convaincre les gens de pratiquer ce sport? –, les Stars ont décidé de lancer un programme visant à bâtir des arénas. Aujourd’hui, il existe six Dr. Pepper StarCenters dans la région.
Le projet a été mené par le président de l’équipe, Jim Lites, qui en est à son troisième mandat avec les Stars. Alors directeur général de la formation, Bob Gainey a aussi été impliqué dans ce qui avait pour but de faire renaître la passion pour le hockey chez les partisans plus âgés et de faire découvrir ce sport aux plus jeunes.
Lites est originaire de Detroit, où l’implication du propriétaire des Red Wings, Mike Ilitch, dans le programme de hockey mineur Detroit Little Casears a produit plus de 100 joueurs ayant atteint la LNH.
«La partie la plus surprenante a été de voir beaucoup de joueurs originaires du Canada, du Michigan, qui vivaient désormais dans la région, mais qui avaient rangé leurs patins, convaincus qu’ils n’avaient nulle part où jouer, s’est remémoré Gainey.
«Quand nous avons ouvert l’amphithéâtre qui nous sert de lieu d’entraînement, un moyen de le rentabiliser a été de lancer des ligues. Le nombre d’inscriptions a explosé. Beaucoup de personnes voulaient jouer au hockey, mais n’avaient pas de moyen de s’exprimer.»
Le fils de Gainey, Steve, a pratiqué le hockey dans une ligue mineure et a finalement été repêché par son père.
À certains endroits comme Los Angeles, la Floride ou même Phoenix, ces programmes mineurs se sont fortement développés, imitant ce qui s’est produit à Dallas et laissant leur empreinte sur la production de joueurs de premier plan.