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Ex-joueurs canadiens

Au service du hockey américain

Al MacInnis
Photo: MIKE DREW / Agence QMI / Archives Al MacInnis

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ANN ARBOR, Michigan – Bien installé sur son siège dans la première rangée des gradins froids et métalliques du «Ice Cube», cet aréna portant d’ailleurs à merveille son surnom, il avait les yeux rivés vers la patinoire.

Il surveillait chacun des mouvements de son fils, qui évolue avec la formation américaine des moins de 17 ans, durant un match de la Ligue de hockey des États-Unis impliquant le Steel de Chicago.

Habituellement, vous pouvez entendre les conseils que la plupart des pères donnent à leurs enfants lorsque ceux-ci s’élancent sur la glace, mais dans ce cas, cet homme savait exactement de quoi il parlait.

L’ancien défenseur et membre du Temple de la renommée, Al MacInnis, regardait chacune des séquences de son fils Ryan, de l’équipe des États-Unis, vivant avec intensité toutes ses présences sur la glace, comme le font tous les pères.

Seulement, ce ne sont pas tous les papas qui ont disputé 23 saisons dans la Ligue nationale (LNH) et participé à plus de 1400 matchs, tout en ayant remporté une coupe Stanley et en ayant été reconnu pour la puissance exceptionnelle de son lancer frappé.

MacInnis, qui a longuement réfléchi sur la tendance croissante de l’ère post-expansion de la LNH, a été un joueur ayant atterri aux États-Unis. Le natif de la Nouvelle-Écosse a entamé sa carrière à Calgary avant de se retrouver avec les Blues de St. Louis, avec qui il a conclu son séjour chez les professionnels.

D’ailleurs, une fois l’heure de la retraite sonnée, MacInnis a décidé de s’installer dans cette ville du Missouri, une destination populaire parmi les joueurs de la LNH depuis longtemps.

La présence de ces anciens hockeyeurs canadiens dans des endroits comme St. Louis, Dallas, le Colorado et le sud de la Californie est à l’origine de la naissance d’une nouvelle génération de joueurs d’élite qui possèdent des passeports américains et qui contribuent à remettre en question le statut du Canada en tant que meilleure nation de hockey au monde.

Une nouvelle tradition

Quand son fils Ryan a commencé à jouer, MacInnis s’est impliqué dans le hockey mineur local. Il a poursuivi ce qui est devenu une tradition chez les ex-patineurs canadiens (et américains) de la LNH s’étant retirés à St. Louis. Il a dirigé son garçon et contribué à bâtir un programme de hockey solide.

D’anciens joueurs comme Joe Sakic, Rob Blake, Scott Niedermayer et Kris Draper sont aussi impliqués dans de telles initiatives au sud de la frontière.

Ryan MacInnis a évolué avec la formation mineure des Blues de St. Louis (intermédiaire 1 élite), la saison dernière.

«Nous avons eu un programme AAA à St. Louis et cela a commencé il y a 15 ou 16 ans, a affirmé MacInnis. Cela s’est entamé avec les anciens d’autrefois, les Blake Dunlop et les [Neil] Komadoski de ce monde. Le flambeau a été transmis ensuite à Basil McRae et Rob Ramage. Maintenant, nous avons Kelly Chase, Jeff Brown, Keith Tkachuk, moi-même et plusieurs gars qui ont pris leur retraite et qui ont décidé de s’établir à St. Louis. Nous tentons continuellement de bâtir le programme à travers la municipalité.»

«St. Louis, c’est une ville de baseball. Par contre, nous avons constaté que lorsque nous trouvons une paire de patins pour les jeunes et que nous les amenons sur la glace, ils apprécient le sport et veulent y rester. C’est la clé, peu importe la région : les programmes pour apprendre à jouer et construire les bases.»

«Dans la partie sud du pays, vous avez Dallas, le sud de la Californie et la Floride. Beaucoup de gars se sont retirés dans ces endroits et se sont impliqués dans le hockey pour la jeunesse, incitant les enfants à jouer. Ils continuent de bâtir des programmes, c’est plaisant à voir. Comme résultat, vous voyez des gars provenant de diverses régions des États-Unis repêchés par une formation de la LNH.»

Rivalité familiale

MacInnis partage son amour du hockey avec son fils, même si cela a créé une rivalité grandissante à l’intérieur de la famille. L’ex-défenseur a affirmé qu’ils regardaient les matchs internationaux ensemble, lui avec son chandail d’Équipe Canada et son garçon avec celui de la formation américaine.

Al rêvait de porter le dossard arborant la feuille d’érable. Ryan veut revêtir l’uniforme des États-Unis.

«Il est né à St. Louis, a indiqué MacInnis. C’est avec cela qu’il a grandi. Il a été élevé aux États-Unis, a évolué dans le hockey mineur de la ville, tout en voyant des gars un peu plus vieux que lui comme Philip McRae et John Ramage participer aux Championnats du monde juniors. Il encourageait ces jeunes et l’équipe américaine, même si j’avais tout mon arsenal canadien sur le dos.»

«Il a eu une chance de jouer avec la formation des États-Unis aux Jeux olympiques de la jeunesse à Innsbruck. Son objectif au cours des dernières années était d’évoluer au sein de ce programme. C’est l’environnement au sein duquel il a grandi. Nous sommes ici depuis 20 ans maintenant. C’est la maison pour nous. Ma famille est toujours au Canada, mais c’est comme ça pour beaucoup d’anciens.»

«Vous regardez la liste de ceux qui sont demeurés à St. Louis, Los Angeles ou Dallas. Ils sont tous dans le même bateau. Leurs parents et leurs proches sont au Canada, mais votre domicile, c’est là où vous êtes présentement.»

L’histoire de l’Ontarien Jeff Brown

St. Louis fut le deuxième de sept arrêts dans la LNH pour Jeff Brown, un natif d’Ottawa qui a connu une carrière de 13 ans et qui vit maintenant au Missouri. Il dirige son fils, Logan, un joueur de centre de catégorie bantam majeur (il est né en 1998) de l’équipe mineure des Blues.

Brown n’est qu’un des nombreux anciens de la LNH de ce programme. Il précise que les ex-joueurs ont choisi d’assumer un nouveau rôle : celui d’aider à faire grandir leur sport.

«Pour chaque année de naissance, il y a un ex-joueur de la LNH [derrière le banc], a-t-il déclaré. Nous sommes dans une pièce de l’aréna où les Blues s’entraînaient autrefois, en plus d’une chambre des anciens. C’est plaisant de faire encore partie d’une équipe. Nous nous retrouvons et nous échangeons des idées. Nous avons continué ce que les autres gars avant nous ont commencé. Nous avons de la compétition partout. Toutes nos formations sont dans le top 5 national.»

Dans chacune des villes américaines de la LNH, il y a des ex-membres de la LNH contribuant à l’essor de leur sport et dirigeant leurs enfants, ainsi que ceux des autres. Ils sont des missionnaires du hockey qui répandent la bonne nouvelle.

Un sport à mousser

«Nous n’avons pas à le vendre au Canada, a commenté MacInnis. Nous devons le faire au sud de la frontière. Ça ne surviendra pas du jour au lendemain. Ces équipes se trouvent dans des marchés non traditionnels. Ça n’a pas progressé aussi rapidement qu’on le souhaitait, mais vous devez vous rappeler qu’au Canada, le hockey s’est transmis de génération en génération.

«Ça n’arrivera pas de notre vivant, mais je crois toujours que le hockey continuera de progresser aux États-Unis. Ce sera immense.»

 

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