Philippe Couillard, nouveau chef des libéraux
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Philippe Couillard a été élu à la tête du Parti libéral du Québec dimanche. Il a remporté la victoire dès le premier tour avec 58,5 % des voix.
À la surprise générale, Pierre Moreau a fini deuxième avec 22 % des suffrages. Raymond Bachand a pris le dernier rang, avec 19,5 % des appuis.
En tout, 2377 délégués se sont prévalus de leur droit de vote.
Sitôt élu, le nouveau chef a lancé un appel à l’unité. «Mes amis, il y a une heure, nous étions devant vous trois candidats, a-t-il dit. Nous sommes maintenant devant les Québécois le Parti libéral du Québec, unis comme parti, réunis comme militants, mobilisés comme Québécois. Nous formons une seule équipe.»
Il a remercié ses adversaires pour le dévouement envers le parti et le Québec, et a fait part de son intention de constituer dans les meilleurs délais une alternative au gouvernement de Pauline Marois, qui «est en train d’affaiblir et de diviser le Québec».
«Ce gouvernement n’a pas sept mois, ce gouvernement a plus de 40 ans, a ajouté le nouveau chef. Il appartient au passé. Sa politique est le ressentiment, la division, le blocage.»
Avant le dévoilement des résultats, Philippe Couillard a indiqué que sa priorité allait être de travailler sur le parti et sur le terrain.
Il se pourrait donc qu’il retarde son entrée à l’Assemblée nationale, qui devrait se faire à l’occasion d’une élection partielle, à moins qu’un député accepte de lui céder son siège.
Moreau et Bachand se rallient
Le candidat défait Pierre Moreau a félicité Philippe Couillard. Il a appelé l’ensemble des députés et des membres du parti à s’unir autour du nouveau chef.
«Mes amis, pour moi la course s’est terminée il y a quelques minutes, a-t-il dit à ses partisans. Mais pour nous, le travail commence aujourd’hui, un travail d’unité avec un grand chef. Félicitations Philippe!»
Visiblement déçu de sa performance, Raymond Bachand a salué la «belle victoire» de Philippe Couillard et l’a assuré de sa collaboration. Le député d’Outremont a également appelé les militants à resserrer les rangs derrière le nouveau leader.
Philippe Couillard devient à 55 ans le 17e chef de l’histoire du Parti libéral du Québec. Il succède à Jean Charest, qui a présidé les destinées de la formation politique durant plus de 14 ans.
Médecin de formation, il a été élu sous la bannière libérale pour la première fois en 2003, dans la circonscription de Mont-Royal. M. Couillard a été réélu en 2007, cette fois dans le comté de Jean-Talon, à Québec.
Il a occupé le poste de ministre de la Santé et des Services sociaux dans le gouvernement de Jean Charest de 2003 jusqu’à son départ de la vie politique en 2008.
Réactions politiques
Le ministre du Parti québécois Bernard Drainville a tenu à féliciter le nouveau chef libéral et à lui souhaiter «bonne chance pour la suite des choses.» Il a affirmé qu’avant de se tourner vers l’avenir, M. Couillard devait d’abord «enterrer le passé.»
«Sa première responsabilité, c’est de se dissocier très clairement de l’héritage libéral, a dit M. Drainville. Il doit condamner ce qui s’est fait au cours des neuf dernières années, donc la corruption, l’endettement, la mauvaise gestion, les valeurs québécoises qui ont été saccagées. Il faut qu’il dise que ce qui s’est passé sous Charest, c’était mal, ce n’était pas correct.»
Le député de la CAQ Jacques Duchesneau a lui aussi offert ses félicitations à Philippe Couillard.
Il a appelé le nouveau chef à faire rapidement son entrée au Parlement.
«Il faut qu’il soit en chambre le plus rapidement possible, qu’on ait un chef de l’opposition officielle, a dit le député de Saint-Jérôme. Il y a des questions urgentes qui se posent à l’Assemblée nationale et ça nous prend quelqu’un qui va être capable de répondre à ces questions-là.»
Le Conseil du patronat du Québec a également salué la victoire de M. Couillard. «Les qualités et l'expérience de M. Couillard lui permettront assurément de relever les défis qui se présenteront à lui à titre de chef du Parti libéral du Québec», a réagi par communiqué le président du Conseil, Yves-Thomas Dorval.
Il a lui a également offert «l'assurance d'un dialogue constructif et pragmatique visant à générer une prospérité durable pour l'ensemble des Québécois.»
Le prochain chef devra reconstruire le parti, selon Jean Charest
Le grand défi du nouveau chef du Parti libéral du Québec sera de commencer sur-le-champ la période de reconstruction du parti et de se préparer pour la prochaine campagne électorale, a indiqué dimanche l’ancien premier ministre Jean Charest.
Soulignant que dans un contexte de gouvernement minoritaire, des élections pouvaient être déclenchées n’importe quand, M. Charest a notamment mentionné quelques ingrédients comme le travail sur le contenu, sur l’organisation politique ou encore la reprise de contact sur le terrain comme autant de défis pour le nouveau chef.
«C’est un défi très particulier pour le nouveau chef» d’être choisi en période de gouvernement minoritaire, a-t-il souligné en entrevue à TVA Nouvelles.
L’ancien député de Sherbrooke a indiqué qu’il n’avait pas connu le fait d’être chef de l’opposition dans un mandat de gouvernement minoritaire.
«La nouvelle personne va avoir mon appui, c’est acquis», a-t-il ajouté
Jean Charest a également dit être très heureux de sa situation d’ancien chef. «Sur le plan humain [la politique], c’est très intense», a-t-il noté, parlant toutefois de privilège d’avoir été premier ministre.
Au lendemain du discours passionné qu’il a prononcé devant les délégués libéraux, Jean Charest était présent dans la foule de l’auditorium de Verdun dimanche. M. Charest était accompagné par son épouse, Michèle Dionne.