« Céline et René ont créé une vague »
Le producteur de la chanteuse s’est remémoré Las Vegas avant l’arrivée du couple québécois
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LAS VEGAS | Dans sa carrière, John Meglen a côtoyé les plus grands : Paul McCartney, les Rolling Stones, Pink Floyd et Led Zeppelin. Mais s’il ne devait choisir qu’un seul artiste avec qui travailler, son choix serait clair : Céline Dion. «Sans hésitation», dit le président d’AEG Live, le producteur du spectacle de la Québécoise à Vegas.
Travaillant dans l’industrie depuis 35 ans, John Meglen ne croit pas que d’autres personnes que Céline Dion et René Angélil auraient pu mener avec succès un tel projet de spectacles en résidence à Las Vegas.
«Les deux ensemble ont quelque chose de très spécial. Aujourd’hui, les gens parlent des spectacles en résidence à Las Vegas comme si ça fait 200 ans que ça existe. Mais le fait est que ce sont Céline et René qui ont créé ça», dit-il.
Au début des années 2000, les deux spectacles les plus populaires à Vegas étaient O, du Cirque du Soleil, et Siegfried & Roy, les deux dresseurs de tigres et lions. Pour ce qui est des autres artistes, ils venaient généralement s’établir dans la ville du jeu en fin de carrière.
«Et Céline n’était aucunement près de la fin, dit John Meglen. Pour René, de s’asseoir et dire qu’il pouvait faire un tel projet avec Céline, c’était une brillante décision. Ils ont créé une vague.»
Le Radio City Music Hall de Vegas
À l’époque, bien peu de gens croyaient en la faisabilité d’un tel projet. «Tout le monde dans l’industrie nous disait que ça ne fonctionnerait jamais, se souvient John Meglen. Et les gens à l’extérieur de l’industrie nous regardaient avec un drôle d’air en nous disant : «Elle va faire 200 shows?»
Le plus gros défi de l’équipe était de mettre en place un tel projet qui n’avait jamais été créé auparavant. «Il fallait que les idées de tout le monde se coordonnent.»
Au moment des premières discussions, le nouveau propriétaire du Caesars Palace n’était pas du tout chaud à l’idée de construire un théâtre de 4000 places.
«Il m’a dit que si ce n’était pas l’idée spécifique de ce spectacle avec Céline, il construirait un théâtre de 2000 places, comme tous les autres en ville. Je lui ai plutôt dit qu’il avait la chance de construire une sorte de Radio City Music Hall de Las Vegas. Les théâtres de 2000 places, il y en a 20 en ville. Soyons uniques!»
Éviter la crise
Le pari de l’équipe, c’était de dire que les spectacles d’O et de Siegfried & Roy étaient présentés deux fois par soir devant des assistances de 2000 personnes. Avec Céline, on visait un spectacle par soir devant 4000 spectateurs. Un calcul simple.
«Et on s’est rendu compte que ce format d’un seul spectacle par soir pouvait aider les restaurants dans l’hôtel», dit John Meglen.
Il se souvient en souriant qu’à l’origine, la résidence de Céline Dion ne devait qu’être d’une ou deux années. «Puis on a eu l’idée d’ajouter un énorme écran géant qui était très cher. La seule façon de rentabiliser cette dépense était d’ajouter une troisième année au contrat. Mais il y a un côté de nous qui se disait : Et si nous faisions erreur depuis le début? Nous venons tout juste d’ajouter une troisième année...»
L’entreprise, comme on le sait, s’est toutefois avérée très fructueuse. Et comme si c’était arrangé «avec le gars des vues», le départ de Céline de Vegas, de 2007 à 2011, a coïncidé avec l’arrivée de la plus grosse crise économique que n’a jamais connue Vegas.
«Bette Midler et Cher ont été les plus touchées par la crise, dit John Meglen. Mais je dirais que nous n’avons malgré tout jamais perdu d’argent à ce moment-là.»
Terrain de jeu
Le retour de Céline au Colosseum, il y a deux ans, s’est effectué en même temps que la renaissance de Vegas. «Aujourd’hui, nous vendons plus de billets que nous n’en avons jamais vendus, affirme John Megler. Mais pour ça, il faut s’assurer de toujours présenter d’excellents concerts qui vont générer du bouche-à-oreille. Dès le début, nous avons adopté la ligne de pensée qui dit que nous faisons des marathons, pas des sprints. C’est la première chose que nous disons à nos artistes.»
«Nous voulons que le Colosseum soit un terrain de jeu pour les artistes. Je leur dis qu’ils ont la possibilité de créer le spectacle dont ils ont toujours rêvé. S’il faut avoir des cloches, des sifflets, des ascenseurs, des hologrammes, des rideaux de pluie ou des vidéos, nous allons le mettre à leur disposition.»