Mourant, il avoue son crime
« L’homme au pouce magique » admet avoir tué Roger Roy il y a 36 ans
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QUÉBEC | Plus de 36 ans après la disparition de son père, la fille de Roger Roy, Rosanna Roy, a retrouvé l’espoir de retracer la dépouille de son père grâce aux aveux de l’«homme au pouce magique», Vital Lemire.
Lemire, qui croupit au pénitencier de Port-Cartier depuis 2001 pour sept agressions sexuelles, dont deux sur des mineures, a envoyé une lettre qui le lie au meurtre de Roger Roy au négociateur du réseau TVA, Claude Poirier.
Dans cette lettre, envoyée mercredi, Lemire dit avouer son crime parce qu’il est mourant. «Je ne me donne pas grand-temps avant d’être enterré. Il est arrivé un incident et j’ai enterré Roger Roy de Cap-Chat en Gaspésie en 1976. Mais avant, je voudrais donner le corps à la famille. Je voudrais que la famille fasse leur deuil et moi partir en paix», peut-on y lire.
Soulagée
La fille de la victime, Rosanna Roy, s’est dite soulagée d’avoir la confirmation que son père avait bel et bien été assassiné. «Vivre dans le doute, c’est pire que tout. Je ne peux pas décrire ce que ça fait à un cœur d’apprendre une telle nouvelle après 36 ans d’attente», mentionne-t-elle.
Mme Roy a toutefois avoué qu’elle aurait de la difficulté à accorder son pardon au présumé meurtrier de son père. «Il veut alléger sa conscience en avouant ses crimes et toute la famille en est reconnaissante, mais ce sera difficile de passer l’éponge sur un tel crime», soutient la dame.
Les huit enfants de M. Roy — 5 des 13 enfants du défunt sont décédés — et sa conjointe espèrent que Vital Lemire expliquera enfin les motifs qui l’ont poussé à commettre un tel crime.
«Il nous fait une fleur en voulant nous révéler l’endroit où mon père est enterré. Maintenant, on aimerait vraiment savoir ce qui s’est passé cette journée-là. Ça nous aiderait beaucoup à faire notre deuil», explique Rosanna Roy.
Un vrai service
Malgré ces longues années à vivre dans l’incertitude, la fille de Roger Roy n’a jamais renoncé à l’idée de retrouver son paternel. «J’ai prié le bon Dieu tous les jours pour que Vital Lemire nous dise où il l’avait enterré. Je souhaitais tellement qu’il parle avant d’emporter son secret dans sa tombe», raconte-t-elle.
«C’est ma mère qui a pris ça le plus durement. Elle a voulu le retrouver toute sa vie », confie Mme Roy.
La dépouille de M. Roy n’a pas encore été retrouvée, mais ses proches commencent déjà à préparer une cérémonie pour honorer sa mémoire. «Si on le retrouve, c’est certain qu’on va lui faire un vrai service funéraire.»