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De l’aide sociale en prison

Des trous dans le système permettent à des détenus de retirer de l’argent destiné aux plus démunis

De l’aide sociale en prison
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Le gouvernement du Québec a versé des prestations d’aide sociale à des douzaines de criminels québécois alors qu’ils purgeaient leurs peines de prison.

Le gouvernement du Québec a versé des prestations d’aide sociale à des douzaines de criminels québécois alors qu’ils purgeaient leurs peines de prison.

Les problèmes de gestion et de contrôle des programmes d’aide sociale au Québec ont profité à des Montréalais comme Yvon Massé et Mike Williamson Stella, incarcérés à plusieurs occasions entre 1994 et 2006 pour toute une gamme de crimes.

Des criminels ne peuvent pourtant pas recevoir de l’aide sociale lorsqu’ils sont derrière les barreaux, selon la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles.

Massé doit 2700 $ au gouvernement pour l’obtention illégitime d’aide sociale.

Reconnu coupable d’accusations de nature sexuelle, Williamson Stella doit pour sa part 1816 $ au Trésor québécois.

Notre enquête a découvert que les personnes détenues n’ont pas l’obligation d’informer le ministère de la Sécurité publique qu’ils sont prestataires de l’aide sociale.

La loi exige seulement que les prestataires qui enfreignent les lois dévoilent leurs condamnations et sentences à un travailleur social du bureau d’Emploi-Québec le plus près de chez eux.

Or, plusieurs contrevenants ne signalent tout simplement pas au MESS qu’ils vont en prison.

«Et, quand ils sont en dedans, disons qu’ils ne sont pas pressés d’appeler», a expliqué une source confidentielle bien au fait des complots pour frauder le régime québécois d’aide sociale.

Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale dit avoir repéré 1244 prestataires d’aide sociale qui étaient incarcérés, dans la région de Montréal au cours du plus récent exercice financier (du 1er avril 2011 au 31 mars 2012).

D’autres cas

Le ministère a aussi déposé une poursuite contre un dénommé Quentin Lewis, en 2011, pour la somme de 600 $, somme illégitimement obtenue pendant qu’il était en prison, en 2005.

Sa dernière adresse connue était «appartement 4005», au 1415, Jarry Est. Il s’agit en fait de l’adresse d’un Centre local d’emploi du gouvernement du Québec...

Un autre cas est celui de Pierre Dufresne, qui a encaissé des chèques d’aide sociale alors qu’il était en prison, en 2006.

En 2011, lorsque le MESS a tenté de récupérer les 1026 $ versés à Dufresne, celui-ci était déjà mort.

Tout ce que le ministère a été en mesure de faire est de déposer une poursuite pour récupérer un montant à même les biens qui étaient sous la curatelle publique, indiquent des documents.


  • Nous avons tenté de rejoindre les personnes nommées à leur dernière adresse connue, mais en vain, et nous avons demandé des renseignements au MESS sur tous ces cas. «Malheureusement, nous n’avons pas été en mesure de retracer les cas particuliers dont vous faites mention», a indiqué un porte-parole.
  • Dans les années 1990, il a été révélé que près de 700 prisonniers, dans l’État du Massachusetts, encaissaient des chèques d’aide sociale. L’affaire a fait scandale d’un océan à l’autre aux États-Unis.
La Loi est pourtant claire
La Loi sur l’aide aux personnes et aux familles est catégorique: les criminels québécois ne peuvent pas recevoir d’aide sociale lorsqu’ils sont derrière les barreaux. Notre enquête, à partir de 1381 dossiers judiciarisés, a pourtant permis de découvrir plus de vingt cas où la loi a été violée. En voici 10 exemples:
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