Entre la vie et la mort
Aucun détecteur de fumée ne se trouvait à l’intérieur de l’appartement
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Trois des cinq membres d’une famille luttaient pour leur vie hier soir après avoir été extirpés de leur appartement sans avertisseur de fumée qui a été ravagé par un incendie à Sainte-Thérèse.
Les trois enfants âgés de 10, 7 et 3 ans et demi et leurs parents ont été trouvés inconscients sur le sol de la cuisine du 81, rue Saint-Charles.
«Le bébé avait les yeux à l’envers. Je la tenais dans mes bras et je me disais elle est en train de mourir», a raconté Jacques Lauzon, un voisin qui a tout tenté pour sauver les victimes.
«Elle avait un bout de plastique ou de caoutchouc dans le bras, c’est moi qui le lui ai enlevé», a-t-il expliqué, inquiet pour l’état de santé des enfants et de leurs parents.
Selon ce que le Journal a appris, les jeunes Myriade, Mathis et William étaient couverts de suie. Les parents, Martin et Chantal, étaient tous les deux complètement brûlés.
«Le père était grièvement brûlé à l’ensemble du haut du corps. Les blessures du père étaient beaucoup plus visibles que celles des autres victimes», a affirmé le sergent Martin Charron, porte-parole de la régie intermunicipale de police de Thérèse-De Blainville.
Les cinq membres de la famille Poirier ont été conduits à l’Hôpital de Saint-Eustache. Les trois enfants ont rapidement été transférés à l’Hôpital Sainte-Justine, à Montréal. Les parents ont, quant à eux, été transportés au Centre des grands brûlés de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Au moment d’écrire ces lignes, trois des victimes se trouvaient toujours dans un état critique, mais stable. M. Lauzon a confié qu’il n’avait pas entendu de détecteur de fumée se déclencher dans l’appartement incendié. Seul le détecteur du voisin du dessus se serait déclenché une demi-heure après le début de l’incendie.
Aucun détecteur de fumée
L’enquête menée par les enquêteurs de la régie de police intermunicipale de Thérèse-De Blainville et les enquêteurs du service incendie de la ville de Sainte-Thérèse a confirmé qu’aucun avertisseur de fumée ne se trouvait à l’intérieur de l’appartement. C’est une dame résidant à l’étage supérieur qui a alerté les pompiers vers 7 h 20 samedi matin.
Les conclusions de l’enquête indiquent qu’il s’agit d’un feu accidentel. C’est un article de fumeur, tombé entre deux sofas, qui serait à l’origine de l’incendie. L’élément d’origine n’a toutefois pas été trouvé. L’incendie aurait donc pris naissance au niveau des matériaux des divans.
«On a des raisons de croire que les cinq personnes dormaient et comme il s’agit d’un feu à combustion lente, la fumée et la chaleur les auraient mis dans un état second». Selon M. Charron, l’hypothèse selon laquelle le père se serait levé et aurait tenté de sauver sa famille avant qu’ils ne perdent tous connaissance dans la cuisine reste la plus plausible.
«Les portes de chambres étaient fermées . C'est peut-être ça qui a fait en sorte qu'ils sont encore vivants aujourd'hui», estime M. Charron qui souligne la rapidité de réponse des premiers répondants.
De son balcon, une voisine, Jennifer Desranleau, a vu les ambulances arriver rapidement et les policiers entrer pour venir au secours de la famille en détresse sans même un habit de protection, a-t-elle raconté.
«Si les policiers n’étaient pas entrés aussi rapidement, ils n’auraient jamais pu sauver les enfants», a-t-elle ajouté.
Joint hier par le Journal, le propriétaire de l’immeuble à logements, Lucien Deslauriers, a avoué très peu connaître cette famille de locataires.
«J’ai appris la nouvelle par téléphone ce matin. J’ai des émotions et je ne suis pas en état de parler», a-t-il fait savoir.
-Avec la collaboration de Mélanie Bergeron
