République de bananes
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Les abus de pouvoir, les transactions secrètes et les pots-de-vin sont encore monnaie courante non seulement au Québec, mais partout dans le monde.
Les bandits qui défilent à la commission Charbonneau ne sont que la pointe de l’iceberg. Car au-delà des contrats publics octroyés aux entrepreneurs véreux proches de la mafia, il existe un autre type de corruption plus subtil touchant le quotidien des gens partout sur la planète.
Pots-de-vin
Les Mexicains se font extorquer par leur police locale, des matchs de soccer italiens sont truqués au bénéfice des paris sportifs, des Tchadiens soudoient les douaniers pour passer la frontière camerounaise, des Zimbabwéennes payent 5 $ chaque fois que leur enfant crie dans un hôpital, un homme d’affaires indien verse des pots-de-vin au gouvernement pour obtenir des concessions minières ou, encore pire, un bâtiment non conforme, ayant obtenu illégitimement un permis, s’effondre au Bangladesh et tue un millier de personnes.
Au total, plus d’un milliard de personnes, 27 % des adultes du monde, ont vraiment payé un pot-de-vin à des politiciens, des fonctionnaires, des médecins, des professeurs, des journalistes, des policiers et même des juges pour payer moins cher, pour faire accélérer leurs dossiers, pour gagner leurs causes ou par peur de représailles.
Enquête mondiale
Ces résultats proviennent de la plus vaste enquête mondiale sur la corruption que Léger, avec le réseau international WIN que je dirige, a réalisée pour Transparency International dans 107 pays, de la brousse africaine, aux îles de Papouasie-Nouvelle-Guinée jusqu’à la cordillère des Andes en passant par Manhattan, Londres, Paris ou Montréal.
La corruption a toujours existé, mais ce qui est nouveau, ce sont les voix des citoyens, plus informés et branchés sur les médias sociaux, qui s’élèvent pour exiger des actions concrètes. Aujourd’hui, 90 % des habitants de la Terre disent qu’ils sont prêts à agir contre la corruption.
Le temps d’agir
Voici, à mon avis, les cinq actions nécessaires pour mettre fin à la corruption:
1) Arrêter de dire que la corruption existera toujours. Il ne faut pas accepter l’inacceptable.
2) Arrêter de payer des gens sous la table pour éviter les taxes. La lutte à la corruption commence à la maison.
3) Condamner toutes actions de corruption dont on est témoin. C’est tolérance zéro.
4) Foutre dehors tous les politiciens coupables de corruption ou d’avoir laissé faire la corruption.
5) Exiger que le gouvernement redonne le pouvoir aux citoyens en les informant sur toutes leurs dépenses publiques et en donnant aux gens de vrais moyens pour se faire entendre.
Nous avons laissé notre démocratie et l’héritage de René Lévesque aux mains de bandits à cravate. Le Québec ressemble de plus en plus à une république de bananes et nous n’avons que nous-mêmes à blâmer.
Alors, la prochaine fois qu’un politicien vous racontera qu’il travaille pour votre bien, dites-vous que si vous ne faites rien, il partira justement avec tous vos biens.
Partis politiques | 79 % |
Secteur privé | 57 % |
Parlement | 55 % |
Fonctionnaires | 51 % |
Médias | 33 % |
Système de santé | 27 % |
Système judiciaire | 25 % |
Groupes religieux | 24 % |
Organismes de charité | 22 % |
Système d’éducation | 22 % |