La forêt québécoise toujours en danger?
Coup d'oeil sur cet article
Quinze ans après le brûlot de Richard Desjardins, la forêt québécoise est-elle réellement en si mauvais état ? Loin de là, réplique un court documentaire réalisé par Jasmin Guénette pour l’Institut économique de Montréal (IEDM).
S’invitant dans le débat, l’IEDM veut démontrer que la ressource est exploitée correctement et que ses artisans en prennent soin. Le jeune réalisateur a donné la parole à divers acteurs qui vivent de la forêt : ingénieur forestier, technicien en géomatique, propriétaire d’une pourvoirie, aménagiste et trappeur. Tous sont des passionnés du bois, actifs dans la région de Dolbeau-Mistassini au nord du Lac Saint-Jean, et témoignent de leur attachement à la ressource.
«Nous voulions comprendre la réalité des gens au quotidien. Nous avons découvert des travailleurs qui ont un grand respect pour la forêt et ses animaux et qui souhaitent que leurs enfants et petits-enfants puissent aussi en vivre», a expliqué Jasmin Guénette.
Le documentaire démontre que la forêt se porte bien, qu’elle se régénère sans difficulté et que les communautés la traitent avec attention, comme elles le feraient d’un jardin. Le membre de l’IEDM estime que les témoignages recueillis sont à l’image de ce qui se passe ailleurs au Québec.
«Personne n’a intérêt à couper au-delà de la capacité de régénération de la forêt. Les gens s’assurent que ce soit bien fait», a poursuivi le jeune réalisateur.
Participer au débat
Par la diffusion de ce documentaire de six minutes, l’IEDM veut démontrer la santé de la forêt et des communautés qui en vivent et répondre, par la même occasion, à ceux qui jugent la ressource en péril.
«Dès qu’on survole le territoire et qu’on écoute les gens nous parler de la forêt, la réalité nous apparaît bien loin des images-chocs suggérant un déboisement massif. On découvre plutôt un écosystème dynamique où l’humain prend et redonne à l’environnement», a conclu le jeune réalisateur.
Les plus récentes données du ministère des Ressources naturelles du Québec dévoilent que la forêt disponible et la forêt exploitée sont en équilibre. En effet, le couvert forestier québécois, qui s’étend sur 49,9 millions d’hectares, est sensiblement demeuré le même qu’en 1977.
Tourné à l’été 2013, le documentaire peut être visionné au www.iedm.org et sur YouTube.
Exploiter ou conserver?
Argent a demandé au professeur Luc Bouthillier, de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l’Université Laval, de nous parler de la forêt québécoise.
Q. : Quel est l’état de la forêt québécoise?
LB. : «Biophysiquement parlant, en 150 ans d’exploitation, nous n’avons pas créé de désert. Oui elle s’est transformée, nous l’avons rajeunie. Les pratiques de la récolte ont évolué à vitesse grand V. La forêt a changé pour le mieux, mais ce n’est pas encore l’idéal.»
Q. : Quels sont les enjeux majeurs actuels?
LB. : «Les acteurs qui en vivent et les autorités publiques doivent s’adapter à ses enjeux de conservation. L’industrie doit enligner ses besoins en matière ligneuse aux questions du paysage et des aires protégées. Dans ce domaine, il y a encore beaucoup d’ignorance.»
Q. : Quelles solutions proposez-vous?
LB. : «Ça prend des aires protégées pour assurer la survie d’espèces menacées, comme le caribou des bois. Ça veut dire ne pas ouvrir de routes qui sont des corridors pour leurs prédateurs comme les ours, les loups, les orignaux. Ça prend aussi des communautés qui puissent vivre de la forêt. Personne n’a encore trouvé la solution à ces enjeux de taille. D’autant plus que les Européens demandent de plus en plus des produits manufacturés qui proviennent de forêts qui assurent la protection des caribous. Ce n’est pas simple.