Tous au gym de l’épargne!
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J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt la dernière campagne électorale de Régis Labeaume.
Ce fut, à ma connaissance, l’une des premières fois où le sujet de la retraite a été placé au cœur des enjeux d’une campagne électorale. Aussi, la clarté de la victoire du maire Labeaume laisse croire qu’il a au moins remporté une partie de son pari: sensibiliser la population de Québec au fait qu’une retraite, ça ne se finance pas tout seul. On peut longtemps débattre de la façon dont la facture sera partagée, mais finalement, quelqu’un doit bel et bien l’assumer. Et plus on attend, pire c’est.
Dans l’univers de nos finances personnelles, la retraite est probablement la chose qui s’inscrit le plus à contre-courant de tout ce qu’on peut se payer. L’accès facile au crédit et la faiblesse historique des taux d’intérêt font que nous baignons dans un univers où la consommation se fait aujourd’hui et où les paiements se font plus tard. Pour la retraite, c’est totalement le contraire: il faut payer à l’avance quelque chose dont on ne profitera que dans plusieurs années. C’est tout, sauf un réflexe naturel.
Et en plus, c’est compliqué.
POINTE DE L’ICEBERG
L’un des succès de la campagne de M. Labeaume, c’est qu’il a réussi à en présenter l’enjeu de manière accessible. À l’inverse, je me souviens il y a quelques années, à Montréal, comment la question du «déficit actuariel» avait eu un impact majeur sur la préparation du budget de la Ville. L’enjeu, au fond, était le même. Mais exprimée en termes techniques, la question n’a jamais obtenu le même degré d’attention dans la métropole.
Cela dit, il faut se rappeler que M. Labeaume n’attire l’attention que sur la pointe de l’iceberg. Oui, la solvabilité des caisses de retraite, particulièrement dans le secteur municipal, mérite qu’on s’y attarde. Mais il y a pire encore: 50% des travailleurs du Québec n’ont pas accès à un régime de retraite en entreprise.
L’épargne, c’est un peu comme l’activité physique: plus on s’entraîne, meilleur on est. Le plus ardu, c’est de commencer et de rester motivé. Un régime de retraite a ceci d’utile: c’est comme avoir un programme d’exercice intégré à son horaire de travail. Quand l’employeur contribue, cela a le même effet que si votre patron prenait votre place pour une partie de la classe de spinning. Ça aide, ça encourage et c’est plus facile à intégrer dans son horaire.
ABONNER PLUS DE MONDE
Ainsi, pendant que M. Labeaume négocie le nombre de calories que son Administration et les citoyens de Québec sont prêts à brûler pour les employés municipaux au «gym de l’épargne», il faut aussi – absolument – trouver des moyens pour abonner à ce même gym tous ceux qui n’ont pas encore accès à un véhicule d’épargne au travail.
Cette carte d’abonnement universelle pourrait bien se trouver dans le projet de loi sur les Régimes volontaires d’épargne retraite (RVÉR) présentement à l’étude. Or, si bien peu savent ce qu’est un RVÉR aujourd’hui, il faudra rapidement savoir en parler... en attirant l’attention aussi efficacement que le maire de Québec!