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Une mère mexicaine risque la déportation

Manifestation immigration Ivonne Hernandez Segura
Selon ses proches, Ivonne a été victime d’une «embuscade». Photo Ewan Sauves / Agence QMI


Des dizaines de personnes ont protesté à l’intérieur du complexe qui abrite les bureaux de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, vendredi, pour dénoncer l’imminente déportation d’une Mexicaine mère d’un bambin de un an et victime de violence conjugale.

À 12 h 30, les manifestants ont fait irruption dans le complexe Guy-Favreau de la rue René-Lévesque et ont sorti de leurs sacs des photos d’Ivonne Hernandez Segura. Des banderoles ont aussi été déployées, sous les yeux attentifs des policiers et des agents de sécurité.

Mercredi après-midi, Ivonne Hernandez Segura, arrivée au Canada en juillet 2009, a été arrêtée par les autorités frontalières à la station de métro Berri-UQAM. Elle s’apprêtait à aller chercher son fils Vincenzo, âgé de un an, qui était avec son ex-conjoint. Elle a alors été transportée au Centre de prévention de l'Immigration de Laval.

Selon ses proches, Ivonne a été victime d’une «embuscade», d’une «intervention planifiée».

«Elle a aperçu de loin son conjoint avec son enfant dans les bras et elle a tout de suite compris que quelque chose n’allait pas. Il était accompagné d’autres membres de sa famille, qui se tenait à l’écart, détaille avec émotion la docteure Marie-Michelle Belon, bénévole pour Médecins du monde et amie d’Yvonne. On s’est servi de son enfant pour l’attraper et l’envoyer en prison. Ce seul fait est pour moi absolument inconcevable, inhumain, invraisemblable.»

Arrêtée, Mme Hernandez Segura fait maintenant face à la déportation. Sans argent ni contacts, il est très improbable que celle-ci reste en sol canadien, déplore-t-on.

Violence conjugale

Le 11 décembre dernier, Yvonne Hernandez Segura a fui son domicile avec son fils et a pris refuge au Parados, un centre d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale situé à Lachine. Son ex-conjoint l'aurait dénoncée auprès des autorités.

Un mois plus tard, un juge a accordé la garde de Vincenzo au père, en citant le statut d'immigration précaire de Mme Hernandez Segura.

«Ça faisait déjà plus d’un an qu’elle me parlait de la violence qu’elle vivait à la maison, mais elle avait très peur de partir, a indiqué Annie Lapalme, porte-parole de Solidarité sans frontières, la voix tremblante. Aujourd’hui, on a remis cet enfant à un père violent, qui ne s’est jamais occupé de lui.»

La directrice de la maison d’hébergement dans lequel Yvonne Hernandez Segura s’est réfugié avec son fils, Sonia Dionne, était présente au rassemblement pour manifester son mécontentement. Pour elle, il n’y a pas de doute : Yvonne est une mère exemplaire qui ne mérite pas le sort qui l'attend.

«C’est une femme aimante, qui entretient un lien d’attachement profond avec son fils, estime-t-elle. Ni la violence conjugale, ni ses capacités parentales n’ont fait le poids face à la justice. C’est son statut qui a fait qu’elle a perdu la garde de son enfant.»

Pour le porte-parole et président de Québec Solidaire, Andrés Fontecilla, le cas d’Yvonne soulève de nombreuses questions. Il est inacceptable de procéder à la déportation d’une mère d’un jeune enfant, soutient-il.

«On a utilisé son bébé de un an comme appât et un père accusé de violence conjugale comme hameçon pour procéder à cette arrestation-là, fustige M. Fontecilla. Les autorités canadiennes et les services transfrontaliers se sont fait les complices d’un père accusé de violence conjugale.»

Solidarité sans frontières demande l’intervention immédiate du ministre fédéral de l’Immigration, Chris Alexander. Il nous a été impossible d’entrer en contact avec lui ou avec un porte-parole de l’Agence des services frontaliers du Canada.

 







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