Trop d'itinérants abattus: Manque de ressources en santé mentale selon le pdg de Mission Old Brewery
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«Ça va prendre combien de morts d’itinérants avant de mettre des projets en place pour les problèmes de santé mentale?», s’indigne Matthew Pearce, PDG de la Mission Old Brewery.
M. Pearce n’en revient pas qu’une autre personne ayant des problèmes de santé mentale, totalement désorganisée dans la rue, ait été tuée par les policiers hier.
«Je ne sais pas ce qui s’est passé, alors je peux pas juger le travail des policiers, mais on nous dit toujours qu’il s’agit d’une exception. Mais est-ce qu’on pourrait trouver une autre exception pour empêcher que des gens meurent? Ce sont de véritables tragédies humaines, ça touche plein de gens», se désole M. Pearce.
Rappelons qu’un homme âgé de 42 ans, Alain Magloire, a été abattu hier matin par les policiers au coin des rues Berri et Ontario. Il aurait menacé les policiers avec un marteau.
«Est-ce que l’on aurait pu éviter que la personne attaque avec son marteau? Je ne peux pas me prononcer sur le déroulement de la situation. Mais la problématique de santé mentale n’est pas bien gérée. On n’offre pas de services adaptés à leurs besoins», estime-t-il.
Inquiétudes
Après que trois itinérants aient été tués par des policiers en trois ans, les gens qui fréquentent l’organisme Mission Old Brewery commencent à être inquiets.
«Des clients m’ont arrêté dans la salle pour me dire qu’ils vivaient de grandes difficultés et qu’ils commençaient à avoir peur. Trois événements aussi rapprochés dans le temps, ça les rend nerveux», soutient-il.
Rencontré par le Journal en attendant de recevoir des services de l’organisme, Stéphane Labrecque a mentionné avoir perdu confiance aux policiers.
«J’ai peur que ça puisse m’arriver aussi, je ne suis pas sûr de ce qu’ils peuvent faire», s’inquiète-t-il.
Même son de cloche, du côté de Marcel Larochelle qui fréquente aussi le Mission Old Brewery. «On ne sait jamais ce qui peut arriver avec les policiers», ajoute-t-il.
Solutions concrètes
M. Pearce indique que des solutions concrètes doivent être mises en place pour intervenir avec cette clientèle qui peut être très imprévisible.
Le projet PRISM a d’ailleurs été mis en place par son organisme en collaboration avec le CHUM, depuis le mois de novembre dernier en collaboration avec le CHUM. Un psychiatre se rend au refuge du Mission Old Brewery pour traiter des patients.
«Il faudrait que ce genre de projet soit étendu partout afin d’intervenir avant que des situations de crise se produisent», mentionne-t-il.
Il pense aussi que les policiers devraient être mieux outillés pour intervenir face à cette clientèle difficile. Il soutient d’ailleurs qu’à plusieurs reprises, il a proposé au SPVM d’offrir des formations aux policiers afin de les aider à gérer des situations avec des itinérants avec des problèmes de santé mentale, sans aucune réponse de leur part.
«On leur a dit: ‘’Si on peut vous aider, on est là. Il faut que ça arrête’’. On n’a jamais eu de non, mais on n’a jamais été invité à y aller non plus»,
Du côté du SPVM, on s’abstient de tout commentaire étant donné que l’enquête a été transférée à la Sûreté du Québec.
«Une enquête indépendante est en cours, alors on ne peut dire quoi que ce soit afin de ne pas nuire au travail des policiers», indique le porte-parole du SPVM, Ian Lafrenière.
En matière d’intervention auprès des personnes itinérantes, le SPVM s’est tout de même doté de l'Équipe multidisciplinaire en référence et intervention auprès des itinérants (EMRII). Elle est composée d’intervenants du CSSS Jeanne-Mance et de policiers.
Des formations sont aussi données aux policiers afin de faire face à ce genre de situations.