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Commission Charbonneau: Ganotec aurait versé 1,2 M$ en pots-de-vin dans les poches de Gérard Cyr

Gérard Cyr
JMTL


L'entreprise en construction Ganotec aurait versé 1,2 M$ en argent comptant à l'ancien leader syndical de l'International, Gérard Cyr, entre 1998 et 2006, à la demande de ce dernier.

Selon le PDG de Ganotec, Serge Larouche - qui témoigne actuellement devant la commission Charbonneau - Gérard Cyr a exigé de Ganotec (compagnie spécialisée en entretien de raffineries) un pour cent des contrats qu'elle obtenait avec Shell et Pétro-Canada.

Après avoir d'abord refusé de se plier à cette requête, le président de Ganotec de l'époque, Léopold Gagnon, a indiqué à Serge Larouche, alors directeur général, que leur compagnie remettrait finalement à M. Cyr 0,5 % des revenus de ses contrats avec les deux raffineries. M. Gagnon lui aurait précisé que Ganotec «n'avait pas le choix».

«À partir de 2000, Ganotec a remis de grosses sommes d'argent à Gérard Cyr», a ainsi confié Serge Larouche à la juge Charbonneau, estimant le total de ces ristournes à 1,2 M$ entre 1998 et 2000.

Le leader syndical aurait exigé ces commissions tout simplement pour avoir mis en relation Ganotec et Eugène Arsenault. Celui-ci est devenu l'un des actionnaires de la compagnie. Il était très réputé pour son expertise dans le domaine des raffineries.

Gérard Cyr a quitté la présidence de l'International cet automne dans la controverse. Il était également le gérant d'affaires du local 144 des soudeurs-tuyauteurs et régnait en maître, selon plusieurs témoins, sur les chantiers.

Caisse secrète et fausse facturation

Pour parvenir à verser tout cet argent liquide à Gérard Cyr, Ganotec avait recours à un stratagème de fausses facturations par le biais de l'homme d'affaires Louis-Pierre Lafortune.

Serge Larouche avait ouvert un coffret de sûreté à Trois-Rivières pour amasser l'argent comptant recueilli. Léopold Gagnon se chargeait de donner l'argent à Gérard Cyr. «Il mettait ça dans ses bas et le transmettait à Gérard aux toilettes», a rapporté Serge Larouche.

Il a également expliqué que Ganotec surnommait cette réserve d'argent secrète, «la Noëla». Elle servait à répondre aux exigences du leader syndical.

Payer pour avoir la paix sur les chantiers

Ganotec a par ailleurs payé Gérard Cyr afin que ses chantiers se déroulent sans heurts.

«Les choses allaient mieux quand Gérard recevait de l'argent», a en effet appris Serge Larouche, dans les années 90. L'ingénieur travaille chez Ganotec depuis 1992. En 2007, il a pris les rênes de la compagnie.

Au cours d'une conversation avec l'un de ses collègues en 1995, Serge Larouche a compris pour la première fois que sa compagnie avait dû verser «un cadeau de Noël monétaire à Gérard Cyr, pour stimuler les troupes» sur un chantier qu'ils effectuaient pour le compte de Gaz Métro.

Ganotec embauchait en grande majorité des travailleurs du local 144 (tuyauteurs et soudeurs) de l'International. À l'époque, Gérard Cyr était gérant d'affaires de ce local. Le leader syndical a été dépeint comme un «roi» ou un «parrain» sur les chantiers québécois, qui tirait les ficelles en matière de placement. Il a également présidé le syndicat avant de se retirer dans la controverse, l'automne dernier.

D'après le témoin, le fait de remplir les poches de Gérard Cyr était un bon moyen de terminer les travaux dans les temps. «C'est comme si le délégué avait un fouet pour faire sortir les gens des roulottes. J'ai compris que c'était efficace de fonctionner comme ça avec Gérard Cyr», a-t-il expliqué à la juge Charbonneau.

«Une protection comme dans les bars»

Deux ans plus tard, le PDG de Ganotec de l'époque, Léopold Gagnon, a versé 40 000 $ au leader syndical sur un autre chantier, a poursuivi le témoin.

«Je ne me souviens pas m'être objecté. J'ai vu ça comme une assurance pour ne pas se faire frapper, une protection comme dans les bars du Québec», explique-t-il.

L'argent permettait également à Ganotec d'avoir de bons travailleurs. «C'était une protection pour ne pas recevoir le fond du baril, tu veux des gars capables de faire de la manutention difficile, des soudeurs capables de souder», a raconté Serge Larouche à la juge.

Serge Larouche poursuit son témoignage cet après-midi.







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