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Chalet de Gérard Cyr

Main-d’œuvre gratuite pour Gérard Cyr

Des syndiqués auraient aidé à construire son chalet en échange des « jobs les plus payantes »

Chalet Gérard Cyr
photo Jean-Louis Fortin

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Des syndiqués du Local 144 ont participé gratuitement à la construction du luxueux chalet de l’ex-dirigeant du Conseil provincial (International), Gérard Cyr, a découvert notre Bureau d’enquête.

Des syndiqués du Local 144 ont participé gratuitement à la construction du luxueux chalet de l’ex-dirigeant du Conseil provincial (International), Gérard Cyr, a découvert notre Bureau d’enquête.

Certains d’entre eux se demandent aussi combien le puissant syndicaliste, qui a été éclaboussé récemment à la commission Charbonneau, a réellement payé pour sa résidence secondaire, aujourd’hui évaluée à près de 700 000 $.

Le chalet de l’ex-chef syndical des tuyauteurs et soudeurs en tuyauterie est situé sur les rives du Lac Blanc à Saint-Donat, dans Lanaudière, au pied des pentes du Mont-Garceau.

«Plusieurs plombiers ont participé à la construction du chalet de Gérard, a affirmé à notre Bureau d’enquête un syndiqué de la section locale 144.

Certains ont fait la plomberie, d’autres la peinture, etc, sans jamais être payés.»

D’autres sources affirment également que certains confrères ont mis l’épaule à la roue en échange de quoi Cyr les faisait travailler sur «les jobs les plus payantes».

Au nom de sa femme

Légalement, la propriété au bord du lac Blanc appartient à la femme de celui qui s’est autoproclamé «le parrain». L’achat du terrain, au printemps 2000, a coûté 50 000 $, et la valeur des travaux de construction était estimée à 150 000 $.

Or, sur l’acte notarié consulté par notre Bureau d’enquête, l’épouse de Gérard Cyr déclare être «femme au foyer».

Qui plus est, selon les documents que nous avons consultés, le couple n’a contracté aucune hypothèque afin d’acheter le terrain et d’y construire le chalet.

En entrevue, Gérard Cyr a confirmé avoir reçu un coup de main de plusieurs syndiqués, mais n’a pas voulu fournir de détails sur la provenance de l’argent qui a servi à financer les transactions de sa femme.

«La provenance de l’argent vient de nos poches, des salaires que j’ai gagnés», a affirmé Cyr dans un entretien téléphonique. «J’ai pas besoin d’hypothèque», a-t-il assuré.

Allégations de pots-de-vin

Gérard Cyr fait l’objet d’allégations d’avoir empoché jusqu’à 1,2 million $ en pots-de-vin de la compagnie Ganotec, entre 1998 et 2006. Le PDG de l’entreprise aurait versé ces montants au patron du Local 144 pour avoir la paix sur les chantiers, selon son témoignage livré la semaine dernière à la commission Charbonneau.

Selon nos sources dans l’entourage de Gérard Cyr, la provenance des fonds pour financer la construction du chalet a toujours alimenté les discussions.

«Gérard nous a invités à de nombreuses reprises au chalet, on faisait de la motomarine, des épluchettes de blé d’Inde, dit l’une d’elles. Jamais on n’a pu savoir comment il s’était payé tout ce luxe», nous a-t-on expliqué.

Rappelons que Gérard Cyr a tout même occupé le poste le plus important au sein du local 144 de L’International pendant 27 ans, avant de prendre sa retraite en 2013.

Avec la collaboration de Félix Séguin et Andrew McIntosh

 
«Oui, il y a des membres qui m’ont aidé»
Comment avez-vous fait pour payer votre chalet?
Gérard Cyr: «Je ne commencerai pas à tout détailler ça... J’ai pas emprunté l’argent de la banque. J’en avais pas besoin. Écoutez bien, là, c’était en 1999. On payait les deux par quatre 1,10 $ chacun!»
Qui a bâti votre chalet? Avez-vous eu des dons de matériaux?
«Non. J’ai pas engagé aucun contracteur pour le faire. On a tout fait nous autres mêmes, de A à Z. L’électricité, la plomberie... Toute ma famille chez nous, on a fait ça ensemble. Ça nous a pris trois ans pour bâtir le chalet. On y allait par boutte, selon l’argent qu’on avait de disponible et qu’on réussissait à mettre de côté.
Est-ce que des membres du Local 144 vous ont aidé?
Oui, il y a des membres du 144 qui m’ont aidé . Je suis honnête, oui. Ils n’ont eu aucune faveur (par la suite). Le placement syndical, c’est pas moi qui le faisais. Il y avait un représentant syndical qui plaçait les gens.»
Pourquoi la propriété est-elle au nom de votre épouse et pas à votre nom?
«Mon épouse a élevé nos quatre enfants. Elle a fait beaucoup de travail. C’est en reconnaissance pour tout ce qu’elle a fait. Elle n’avait rien. C’est une madame vraiment, vraiment spéciale. Il n’y avait pas rien de croche là-dedans. Absolument pas. Non, absolument pas. Absolument pas.»
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