Formation en anglais seulement pour du personnel électoral
À Dollard-des-Ormeaux, des francophones n’ont pas reçu des directives dans leur langue
Des Montréalais qui travailleront dans un bureau de vote aux élections de lundi prochain ont reçu une formation unilingue... en anglais.
Sylvain Laquerre a accepté de travailler dans la circonscription de Robert-Baldwin, à Dollard-des-Ormeaux, le 7 avril prochain. Sa tâche principale sera d’aménager la salle.
Mais lorsqu’il s’est rendu à sa formation jeudi dernier, le directeur du scrutin lui a annoncé que la séance ne se donnerait qu’en anglais.
«Je trouve ça insultant que, sans préavis, ça se passe en anglais, explique-t-il. Je trouve que c’est un manque de respect pour les travailleurs des élections et pour les électeurs francophones.»
Sylvain Laquerre a bien protesté, mais ses interventions n’ont pas trouvé de résonance. Le photographe de métier, qui en est au moins à sa dixième expérience comme membre du personnel électoral, connaît déjà bien le fonctionnement du scrutin. Il s’inquiète surtout pour les francophones qui étaient là pour la première fois.
«Il arrive que les formateurs parlent dans leur jargon. Ce n’est déjà pas évident en français», ajoute-t-il.
« Inacceptable »
Sur la trentaine de personnes qui se trouvaient dans la salle, la moitié devait être francophone, estime le photographe. Si personne ne s’est manifesté, certains ont demandé des traductions de temps en temps.
La Société Saint-Jean-Baptiste, qui fait la promotion de la langue française, réagit vivement face à la situation.
«C’est inacceptable, indique Mario Beaulieu, le président de l’organisme. Normalement, c’est le français la langue officielle au Québec. Je veux bien qu’on accommode les gens qui ne parlent pas la langue, mais de là à donner des formations en anglais, ce n’est pas normal. Toute personne reliée à une fonction publique devrait parler le français.»
Le directeur du scrutin, Jean-Paul Vernier assure que normalement son équipe avise les membres du personnel électoral lorsque la formation se donne en anglais. Il pense que le message s’est perdu dans ce cas-ci.
Électeurs anglophones
La circonscription répartit ses travailleurs dans 28 séances en français contre 7 en anglais. Le directeur du scrutin encourage tout de même les francophones à assister au moins une fois aux rencontres en anglais.
«On veut que les gens s’habituent aux termes de “votation”, explique-t-il. Beaucoup d’électeurs vont demander les informations en anglais le jour du vote et on veut être certain que nos gens leur donnent la bonne information.»
Au bureau du Directeur général des élections (DGE), la porte-parole, Genevieve Pelletier, explique que le directeur de scrutin aurait dû offrir la formation en français lorsque le travailleur l’a demandée. Quand le DGE a pris connaissance de la situation, il a réexpliqué les procédures au responsable de la circonscription.