La charte, au cœur du choix électoral
Devrait-on comprendre que pour les libéraux, il faudrait, dans notre société démocratique, éviter toute confrontation d’opinions?
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Lundi prochain, le choix d’un gouvernement pourra se faire à partir d’une multitude d’enjeux très importants, mais s’il en est un qui transcende les autres, c’est celui de la charte de la laïcité. En effet, la charte aura une influence permanente et significative sur l’organisation de la société québécoise, celle dans laquelle vont vivre nos enfants et nos petits-enfants.
Certains, dont M. Couillard, nous répéteront jusqu’à la fin que ce n’est pas utile de se doter d’une charte de la laïcité au Québec, puisqu’il n’y a pas de problème avec le port de signes religieux et que, de surcroît, ce débat divise les Québécois inutilement.
D’autres, dont l’équipe Marois-Drainville, vous diront pour leur part qu’il est essentiel pour la société québécoise de clarifier les règles de vie et ainsi prévenir d’éventuels conflits sociaux qui ne serviraient personne. Qu’en est-il exactement?
UN DÉBAT QUI DIVISE
L’argument majeur des opposants, c’est que la charte divise les Québécois et qu’il n’est donc pas acceptable d’ouvrir un tel débat. Pourtant, il existe beaucoup de nouveaux arrivants qui sont parfaitement d’accord avec l’idée d’une charte, tout comme il existe une large majorité de Québécois qui, dans leur ensemble, en appuient l’adoption.
Devrait-on comprendre que pour les libéraux, il faudrait, dans notre société démocratique, éviter toute confrontation d’opinions? Qu’en serait-il alors du débat sur l’aide médicale à mourir ou qu’en aurait-il été récemment du débat sur le mariage gai, par exemple? N’est-ce pas à travers ce genre de débats que la société évolue?
UN PROBLÈME QUI N’EXISTE PAS
Le second argument contre la charte, c’est que le gouvernement s’attaque à un problème qui n’existe pas. Sérieusement, comment M. Couillard peut-il nier l’existence d’une augmentation significative des signes religieux dans nos garderies, nos écoles et nos hôpitaux? Devrait-on attendre que la laïcité de l’État soit vraiment compromise pour agir ou n’est-il pas préférable de procéder maintenant, avant que la situation s’aggrave?
LE CAS MARYSE GAUDREAULT
Les choses se sont drôlement précisées la semaine dernière, lorsque la députée de Hull, Maryse Gaudreault, a confirmé que la position du Parti libéral permettrait, à titre d’exemple, à une policière de porter le hijab, si elle le désirait, au nom du droit fondamental de pratiquer sa religion. M. Couillard avait jusqu’à maintenant toujours refusé de répondre à cette question, au motif que le problème n’existait pas! Heureusement, la campagne électorale aura permis de préciser la portée de la position libérale. Maintenant, on comprend mieux et nous pourrons faire notre choix en pleine connaissance de cause.
Vous conviendrez avec moi qu’il est très important de connaître ces réalités avant de choisir notre prochain gouvernement. Ce choix, que nous ferons lundi prochain, pourrait changer profondément l’image de neutralité de l’État telle que nous l’avons connue depuis la Révolution tranquille. Les deux principaux partis dans cette élection ont des vues diamétralement opposées au sujet des signes religieux, et les conséquences qui pourront découler de l’application des deux positions seront, à n’en pas douter, très différentes. Compte tenu de l’importance de l’enjeu, mieux vaut réfléchir à tout cela avant plutôt qu’après!
Michel Gauthier, chroniqueur invité