Fin
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Lundi soir, le 7 avril, le PQ est terrassé. Comme dans un grand film émouvant, bouleversant, inspirant, mais un film qui finit mal, le mot FIN s’impose et arrache les larmes. Une remise en question, profonde, entière, courageuse des rêves qui ont animé le Québec doit prévaloir.
Le Parti québécois n’a pas d’avenir. Si par «Parti québécois» l’on entend celui créé par René Lévesque. Celui-ci, habité par l’amour de son peuple, un sentiment aigu de justice sociale, une ouverture au monde et un sens de la modération, a souhaité transformer un pays métaphorique chanté par les poètes en un pays réel. Le 7 avril au soir, l’article 1 du programme du PQ a flambé et ce n’est pas faire image de constater que la maison est en feu.
Certains l’avaient déjà compris depuis le référendum de 1995. Lucien Bouchard, par exemple. Le PQ ne pourrait plus prôner un référendum à chaque élection. Les Québécois de 1995 ont changé. Un des revirements les plus spectaculaires est la désaffection des jeunes face à l’idée de l’indépendance. Quant aux néo-Québécois, le combat pour la langue et la culture française, l’essence même du désir de souveraineté, n’est pas le leur. Ils viennent chez nous chercher la stabilité politique, dans la liberté et la prospérité. L’idée d’un éclatement du pays est intolérable à leurs yeux comme aux yeux de la quasi-totalité des anglophones.
Usure émotionnelle
Et que dire de l’usure émotionnelle de nombre de Québécois nationalistes heurtés par les défaites successives des référendums et conscients que le monde a changé?
C’est la fin du PQ parce que contrairement aux cris surréalistes de ses militants lundi soir, la majorité des citoyens ne veut pas de pays, ce pays tant espéré des baby-boomers.
Que veulent les jeunes Québécois? C’est à eux de rêver, d’incarner l’avenir et de réaliser le présent. Un sondage non scientifique auprès des jeunes de Forum Jeunesse montre que la majorité des 18-25 ans appuie le Parti libéral. Mais plus éloquent encore, le PQ se situe en troisième position. Les nouvelles descendances refusent donc l’héritage et préfèrent le PLQ de Philippe Couillard qui les rassure sans doute, eux les enfants de l’individualisme et des réseaux sociaux, ces institutions qui sont en train de remplacer la famille. Eux qui se battent pour trouver un emploi, ces emplois verrouillés par le corporatisme syndical. Car à la lutte des classes menée par Québec solidaire s’ajoute celle des classes d’âge.
Les péquistes souffrent, à n’en point douter. Ils l’expriment en pratiquant le déni, tel Bernard Drainville, la fuite en avant, tel Bernard Landry, et l’attaque verbale déshonorante tel Marc Laviolette. S’ajoutent à cela les réseaux sociaux où dans l’anonymat, les militants enragés insultent le peuple tout entier en le traitant de lâche, de velléitaire, d’indigne. Cette colère provoquée par une douleur authentique demeure impardonnable.
Le Québec survivra à la fin du PQ tel que l’on a connu. Aucun parti politique n’est éternel. Et si les idées ne meurent pas, elles se renouvellent par les visionnaires d’un monde en mutation. Dès lors, la nostalgie est la pire conseillère dans la période que nous traversons.