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L’ère glaciaire de la souveraineté

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Cul-de-sac, impasse, catastrophe et fin du monde. La souveraineté est morte, sa dépouille sera exposée pendant quatre ans au Salon Couillard, Legault Inc. Les obsèques auront lieu à la maison Gilles Vigneault à Natashquan et Paul Piché interprétera un Requiem pour un pays. Prière de ne pas envoyer de tomates.

Cul-de-sac, impasse, catastrophe et fin du monde. La souveraineté est morte, sa dépouille sera exposée pendant quatre ans au Salon Couillard, Legault Inc. Les obsèques auront lieu à la maison Gilles Vigneault à Natashquan et Paul Piché interprétera un Requiem pour un pays. Prière de ne pas envoyer de tomates.

Soyons sérieux. La souveraineté n’est pas morte, quoi qu’en pensent ses ténors meurtris qui annoncent depuis lundi soir son décès prématuré. Écoutons plutôt Philippe Couillard qui refuse d’enterrer l’idée de la souveraineté, parce que, dit-il, «une idée ne meurt jamais». Et ça prend un fédéraliste, un des rares fiers de l’être, pour nous rappeler cette vérité. Mes aïeux, quelle époque!

D’un océan à l’autre

Depuis lundi soir, les médias du Canada anglais prophétisent eux aussi la mort de la souveraineté. Ils oublient qu’ils ont dit la même chose après le référendum de 1980 et celui de 1995. Désolée, chers amis du ROC, l’idée de faire du Québec un pays est aussi immuable que le Bouclier canadien. Elle entre sans doute en période de glaciation, ses contours seront modifiés par l’air du temps, son paysage va évoluer avec les générations, mais à moins de se réaliser, le rêve ne disparaîtra jamais complètement.

Il y a quand même deux millions de souverainistes purs et durs au Québec. Plus un autre million de souverainistes mous. Et Dieu seul sait combien de Québécois pourraient un jour «cocher oui» si le Canada s’entêtait à pousser Mémé Québec dans les orties.

Mais quelque chose agonise. Et ce n’est pas tant l’article 1 du programme du PQ que les motivations traditionnelles pour faire l’indépendance que porte le parti depuis les années 60. Va disparaître avec les baby-boomers, le désir de souveraineté né des cendres des mouvements de décolonisation en Afrique (le fondateur du premier FLQ, Georges Schoeters, était un Belge d’origine qui s’était entraîné avec le FNL en Algérie). La souveraineté modèle «Vive le Québec libre» comme si nous étions prisonniers d’une puissance étrangère. La souveraineté victimaire: contre les Anglais, contre le Canada, contre la mondialisation, contre le bilinguisme, contre la culture américaine et dans sa plus récente version, contre l’immigration. La souveraineté ceinture fléchée et pipe de plâtre. Ou le désir de faire du Québec une mini-France.

Une affaire de jeunes

Cette souveraineté va mourir parce que les jeunes ne comprennent pas ce langage. Mais comme ces jeunes femmes qui refusent de se dire féministes, parce que ce mot appartient à la génération de leur mère et de leurs grand-mères, combien de Québécois de moins de 30 ans pensent qu’être péquiste, c’est une affaire de vieux schnouques?

Les jeunes Québécois ne souhaitent pas plus la perte de leur culture, de leur langue et l’assimilation à l’Amérique que les filles d’aujourd’hui veulent retourner aux fourneaux. Un jour viendra un leader politique qui parlera du pays du Québec autrement, remplaçant la rancune par le rêve.

C’est le côté revanchard de la souveraineté qui a tué chez plusieurs Québécois, dont moi, le goût de faire un pays.

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