La taupe du SPVM aurait poussé un informateur au suicide
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L’ex-policier corrompu Benoît Roberge aurait encouragé un des plus prolifiques informateurs de police au Canada à s’enlever la vie parce qu’il était «écœuré de l’entendre».
C’est ce que révèlent des conversations entre l’ancien spécialiste des motards du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et le Hells Angels René Charlebois obtenues par notre Bureau d’enquête.
Les discussions entre celui qu’on surnommait «Balloune» et le flic ripoux étaient enregistrées par le motard lui-même, alors qu’il purgeait la fin de sa sentence au pénitencier de la montée Saint-François, à Laval.
Charlebois s’est évadé de ce même pénitencier le 14 septembre dernier. Dix jours plus tard, il s’est suicidé dans un chalet de Sainte-Anne-de-Sorel, alors qu’il était cerné par les forces policières.
Mystère
Du fond de sa cellule, l’ex-lieutenant de Maurice «Mom» Boucher, s’interrogeait sur les circonstances de la mort de Dany Kane.
À la fin des années 1990, Kane, qui cherchait à gravir les échelons des Rockers, club-école des Hells Angels, avait signé un lucratif contrat d’agent-source avec la Sûreté du Québec. Il avait auparavant été à la solde de la Gendarmerie royale du Canada.
À l’époque, le contrôleur du motard n’était nul autre que Benoît Roberge.
Selon le rapport d’autopsie, Dany Kane s’est donné la mort par asphyxie au monoxyde de carbone le 7 août 2000 dans le garage de sa résidence, mais cette version a toujours été remise en question par le milieu criminel.
Comme en témoigne la discussion entre l’ex-policier et René Charlebois (voir encadré), le mystère planait encore, dix ans après la mort de Kane.
Doutes
«J’aurais jamais pensé que ce policier-là, en qui on faisait confiance, aurait conseillé à un délateur de s’enlever la vie. Surtout que la mort de Kane a mis en péril l’opération Printemps 2001», dit l’ex-commandant de l’Escouade régionale mixte, Richard Dupuis.
«Qu’il ait prononcé ces paroles à René Charlebois, ça ne me surprendrait pas, mais qu’il ait vraiment suggéré à Kane de se suicider, je ne le crois pas», ajoute l’ex-policier François Doré.
«Benoît Roberge agissait probablement ainsi pour se donner de l’importance», croit-il.
La lettre d’adieu que la police avait trouvé chez le délateur après son décès révélait un homme qui semblait abattu et confus quant à son double rôle de motard hors-la-loi et d’informateur de police.
«J’aurais bien aimé continuer mon rôle principal mais je n’ai plus la force de continuer», avait-il écrit sur son ordinateur portable avant d’en finir.