Cirque du Soleil : un beau rêve...
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Hier après-midi, avec mon mari et mon fils, je suis allée voir Kurios – Cabinet des curiosités, le dernier spectacle du Cirque du Soleil.
J’ai vu, depuis 30 ans, tous les principaux spectacles du Cirque, à Montréal ou à Las Vegas. Kurios n’est rien de moins que le plus beau de tous.
Si vous avez envie de vous sortir de la morosité ambiante, de vous changer les idées avec cet hiver interminable qui refuse de se transformer en printemps, allez voir Kurios. Vous allez sortir du grand chapiteau bleu et jaune en ayant des étoiles dans les yeux.
C’est un spectacle aux costumes, aux décors, aux acrobates époustouflants, qui vous fait faire un voyage dans le temps, jusqu’au 19e siècle.
Mais en sortant du grand chapiteau bleu et jaune, hier après-midi, j’ai moi aussi fait tout un voyage dans le temps. Je me suis rappelé ce qui est arrivé au Cirque du Soleil il y a huit ans.
L’IMMOBILISME QUÉBÉCOIS
En mars 2006, le Cirque du Soleil avait claqué la porte du projet du déménagement du Casino de Montréal à Pointe-Saint-Charles, exaspéré par un rapport remettant en cause plusieurs aspects du projet. Exaspéré aussi par tous les opposants qui ne voulaient pas que le Casino s’installe à Pointe-Saint-Charles, un quartier populaire qui avait pourtant bien besoin de ce genre de coup de pouce créatif et économique.
Interviewé au Point, à Radio-Canada, Guy Laliberté, le président fondateur du Cirque du Soleil, avait fait une déclaration fracassante: il trouvait «malheureux qu’il soit difficile de réaliser de grands projets au Québec». Il déplorait «la difficulté de réaliser des projets de l’envergure de ceux de Las Vegas au Québec».
«Malheureusement, il semble que Montréal et le Québec aient de la difficulté à s’entendre et à s’organiser pour ce genre de projet», avait déclaré Laliberté, manifestement frustré de tous les bâtons qu’on lui avait mis dans les roues.
C’est ironique qu’en 2014 le Cirque du Soleil rende hommage aux rêveurs. La multinationale du divertissement du Cirque du Soleil avait un beau rêve pour Montréal, pour le Québec. Mais à cause de gens qui ont peur de leur ombre, on a préféré le statu quo.
Huit ans plus tard, qu’arrive-t-il au Casino? Les profits sont en chute libre, apprenait-on la semaine dernière dans Le Journal.
UN VOYAGE DANS LE TEMPS
Le spectacle Kurios est rempli de clins d’œil aux plus grands inventeurs et autres patenteux du 19e siècle: le gramophone, le téléphone, la fée électricité, les avions, les trains et même le cinéma.
Un voyage dans le temps à l’époque où les grands esprits inventaient toutes sortes de bébelles et de patentes pour aller plus haut, plus loin, plus vite. La vie, mais en plus beau.
C’est bourré de références à Jules Verne, Edison, Méliès, aux premiers aviateurs et aux premières locomotives.
Bref, Kurios est un formidable hommage de deux heures aux rêveurs et aux inventeurs. À ceux qui mettent l’imagination au pouvoir.
Assister à cette expression de créativité, de talent, c’est inspirant. Mais c’est aussi frustrant, quand on pense que toute cette créativité et ce talent auraient pu, il y a huit ans, être mis au profit du développement économique de Montréal.
Ce rêve-là, qu’est-ce qu’on en a fait?