Charte : Dalila Awada intente une poursuite pour diffamation de 120 000 $ contre des militants pro-laïcité
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Une étudiante féministe en a assez d’être la cible de certains militants pro-laïcité. Se disant victime de diffamation, elle leur réclame maintenant 120 000 $.
Dalila Awada s’attendait à faire réagir lorsqu’elle s’était publiquement affichée contre l’interdiction du port des symboles religieux. Mais elle ne s’attendait pas à ce que ses détracteurs l’attaquent personnellement.
«Je ne suis jamais tombée dans les attaques personnelles, explique-t-elle. Le débat (sur la laïcité), c’est important d’en parler, mais ça va trop loin quand on attaque l’intégrité de quelqu’un.»
La femme de 24 ans en a contre Louise Mailloux, une militante pro-charte, le blogueur Philippe Magnan et le site web vigile.net. Elle leur reproche d’avoir contribué à la dépeindre «comme une manipulatrice, à la solde d’intégristes musulmans», peut-on lire dans une poursuite en diffamation de 120 000 $ déposée au palais de justice de Montréal.
Haine
Dalila Awada, qui est représentée par le cabinet de Me Anne-France Goldwater, se désole de voir tous les messages haineux qu’elle a reçus depuis octobre dernier.
«Elle s’est fait accoster à plusieurs reprises par des personnes qui l’ont accusée d’être une terroriste et qui lui ont signifié qu’elle n’était pas chez elle au Québec, ce qui ne s’était jamais produit auparavant», peut-on lire dans le document de Cour.
Et elle tient responsable
M. Magnan, qui tient le blogue PosteDeVeille.ca pour avoir mis en ligne des vidéos la dépeignant comme une «intégriste, qui agit à titre d’intermédiaire pour des groupes islamistes».
«(Dalila Awada) est née au Québec et a toujours ressenti et affirmé très fortement son identité québécoise, est-il indiqué dans la poursuite. Le mépris du public qui découle des actions des défendeurs ont causé à la demanderesse une souffrance morale aiguë.»
Elle indique avoir depuis perdu des amis, en plus d’avoir dû prendre un semestre sabbatique à l’université.
Liberté d’expression
Pour Louise Mailloux, candidate malheureuse du PQ dans Gouin lors des dernières élections, cette poursuite n’est cependant qu’une façon de la «bâillonner».
«C’est une cause éminemment politique, nous avons droit à la liberté d’expression, a-t-elle indiqué en entrevue au Journal. Ce n’est peut-être pas le temps de se taire.»
Même son de cloche de la part de Philippe Magnan, qui ne compte pas arrêter son militantisme. Il a qualifié la poursuite «d’excellente nouvelle», tout en dressant le parallèle entre Mme Awada et le «Quartier Général Khomeiniste à Montréal».
L’avocate de Dalila Awada a indiqué qu’elle allait étudier l’affaire, pour voir si elle ira plus loin dans ses requêtes en demandant une injonction contre M. Magnan.