Le fisc soupçonne un système frauduleux
Revenu Canada allègue même qu’un fonctionnaire fédéral serait impliqué
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Revenu Canada soupçonne un homme d’affaires québécois d’avoir bâti, avec l’aide d’un fonctionnaire fédéral, un stratagème frauduleux dans le développement d’un projet informatique financé avec des fonds publics qui n’a jamais vu le jour à Rimouski.
Méconnu du grand public, mais ayant été impliqué dans plusieurs projets d’affaires à travers le monde, le Lavallois Bertrand Allard est soupçonné par la Division des enquêtes spéciales de Revenu Canada d’avoir permis à son entreprise d’avoir obtenu frauduleusement près de 2 millions $ de fonds publics.
Par le biais de son entreprise Seaquest TI, Allard promettait de concevoir à Rimouski une technologie destinée au trafic maritime.
Le financement provenait de Développement économique Canada (DEC), un organisme relevant du gouvernement fédéral qui a injecté 2 millions $ dans le projet. Des perquisitions ont eu lieu au bureau de l’organisme. Allard connaissait très bien un fonctionnaire de DEC.
Revenu Canada s’appuie sur plusieurs années d’enquête et 18 000 fichiers informatiques, selon des documents judiciaires obtenus par notre Bureau d’enquête.
Allard œuvre dans le domaine des hautes technologies depuis plus de 30 ans. Il a surtout fait affaire à l’étranger, notamment en Afrique, où il était encore impliqué récemment.
À travers le monde
Ses antécédents en matière de crime économique ne l’ont jamais empêché de continuer à se lancer dans de grands projets à travers le monde.
Depuis 1993, il a notamment été blâmé pour avoir participé à une fraude liée à de fausses facturations et des jeux de comptes en Suisse.
Il a aussi été dépeint devant la Cour d’appel du Québec comme faisant partie d’une entreprise qui «a joué le jeu des commissions secrètes» par rapport à un pot-de-vin qui, selon un ex-collègue au sein de cette entreprise, devait être versé à un représentant gouvernemental de l’Argentine en échange d’un contrat.
Dénouement nébuleux
Revenu Canada enquête sur le projet intitulé «Infrastructure intégrée d’information maritime». L’outil technologique devait être développé à partir de 2003 à Rimouski. Il visait à créer un système facilitant les communications et le trafic maritime.
Présumément très prometteur, ce projet devait être exporté en Afrique dans différents ports souhaitant être munis des mêmes technologies.
La compagnie d’Allard s’est même vue décerner le «Prix d’Excellence du Développement maritime» par la Chambre de commerce de Rimouski, en 2005.
Le projet a «fini en queue de poisson», soupirent d’anciens partenaires de M. Allard. Ceux-ci n’ont pas voulu en dire davantage, indiquant qu’ils ne voulaient «plus entendre parler d’Allard».
Le tout a été abandonné de façon mystérieuse à l’été 2006, faute d’argent.
Le projet «Infrastructure intégrée d’information maritime» a aussi été financé pour 500 000 $ par Conseil national de recherches Canada, 225 000 $ par le ministère québécois du Développement économique et régional et 75 000 $ du Conseil régional de développement du Bas-Saint-Laurent.
