Le modèle québécois et l’austérité
Ce n’est pas par hasard si nous sommes aussi parmi les plus pauvres, les plus taxés et les plus endettés du continent
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Le premier ministre Couillard et ses principaux ministres tentent maladroitement de nous expliquer, d’une part, leur attachement au vertueux «modèle québécois» et, d’autre part, pourquoi il faut sabrer dans ce même modèle pour pouvoir continuer à se le payer.
L’objectif de M. Couillard, nous a-t-il dit récemment, est de préserver «ce à quoi on est attaché au Québec, notamment la solidarité qu’on a entre nous et le caractère spécifique du Québec.» Le leader parlementaire libéral, Jean-Marc Fournier, affirmait quant à lui que la restructuration de l’État à laquelle s’est attelé le gouvernement Couillard et la révision des programmes qui l’accompagne ne visent pas une remise en question du modèle québécois. Au contraire, il s’agirait d’en assurer la pérennité.
Rappelons d’abord que le «modèle québécois» n’a rien de spécifique au Québec. Comme dans beaucoup d’autres pays, la taille et l’interventionnisme de l’État québécois n’ont cessé de croître au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. La spécificité du Québec, c’est que nous avons réussi à faire durer l’augmentation de l’embonpoint de notre gouvernement plus longtemps que dans beaucoup d’autres pays. Rappelons que les modèles qui nous ont inspirés, comme la Suède et la Finlande, ne sont pas durables et ont dû faire face à la musique de l’austérité.
Trop interventionniste
M. Couillard s’est vanté que le Parti libéral était plus «progressiste» que le Parti québécois. Ce que les libéraux ne semblent pas comprendre, c’est que c’est justement ce modèle québécois progressiste qui nous appauvrit collectivement. La littérature économique est claire: plus un gouvernement intervient dans l’économie, moins il y a de richesse qui se crée. Pourquoi? Parce que les citoyens sont mieux placés que les bureaucrates pour savoir où ils devraient dépenser ou investir leur argent. Dès qu’on remplace le jugement des citoyens par celui des politiciens et des bureaucrates, on détourne notre richesse à des fins politiques et électoralistes moins rentables que si on laissait les gens dépenser leur argent eux-mêmes.
Le Québec se classe au dernier rang en Amérique du Nord quant au degré de libéralisme économique. Ce n’est pas par hasard si nous sommes aussi parmi les plus pauvres, les plus taxés et les plus endettés du continent.
Des pauvres plus riches
Si on veut vraiment se montrer solidaires, couper quelques milliards ici et là pour équilibrer le budget n’est pas la voie à suivre pour y arriver. Il faut plutôt créer les conditions propices à la création de richesse et enlever les barrières qui freinent l’incitation au travail des individus qui tentent de se sortir de la pauvreté. La vraie solidarité, c’est de travailler pour avoir des pauvres plus riches et non des riches plus pauvres. Pour y arriver, il faut faire reculer la progression de l’étatisme. Appelez ça de l’austérité si vous voulez. Moi, j’appelle ça cesser de nous infantiliser et nous laisser plutôt libres de faire nos choix comme des citoyens adultes et responsables.