Un pancréas artificiel québécois
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Une trentaine d’enfants diabétiques testent pour la première fois une invention montréalaise qui pourrait changer leur vie: un pancréas artificiel qui leur éviterait les piqûres quotidiennes dont dépend leur survie.
Le pancréas artificiel se résume à un capteur de glycémie collé sur le ventre, qui transmet en temps réel le taux exact de sucre du malade à un téléphone cellulaire. Connecté à une petite pompe d’insuline, ce téléphone commande la dose qui doit être injectée au patient par un petit cathéter placé sur son ventre ou sa cuisse.
Précision cruciale
«Pour mon garçon, ce serait enfin la liberté totale», lance Robert Brouillard. Son fils Zachary, 13 ans, est atteint du diabète de type 1. Depuis l’âge de sept ans, il est branché en permanence à une petite pompe à insuline.
La précision de la pompe est cruciale: manque de glucose et c’est l’évanouissement, alors que l’excédent peut causer à long terme la cécité, l’infarctus ou l’amputation d’un membre, entre autres.
Pour plusieurs, comme Zoé Koryszko et Zachary Brouillard, la pompe à insuline évite pas moins de quatre injections d’insuline par jour. Mais, contrairement au pancréas artificiel, elle doit être ajustée manuellement ce qui représente une logistique de tous les instants.
Sans qu’on sache pourquoi, le système immunitaire des diabétiques de type 1 empêche complètement la production d’insuline dans leur pancréas. Sans cette hormone, les cellules de l’organisme ne reçoivent pas leur carburant essentiel: le glucose. Le pancréas artificiel viendrait donc remplacer l’organe dysfonctionnel.
L’invention de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) est actuellement évaluée pour la première fois dans la vraie vie, au camp de vacances Carowanis de Sainte-Agathe-des-Monts réservé aux enfants diabétiques.
Même pas mal
«Ça fait même pas mal et c’est plutôt cool d’avoir une machine qui fait comme un pancréas», indique Zoé, qui teste l’invention avec 33 autres enfants. Trempée, elle vient de chavirer en canoë et trépigne à l’idée d’y retourner, pendant que l’infirmière lui enfonce un cathéter dans la cuisse.
L’adolescente de 13 ans se laisse faire sans l’ombre d’une grimace. «Je suis habituée», dit-elle. Et pour cause: un enfant diabétique traité avec un stylo-injecteur est piqué près de 3000 fois par année.
Grâce à la collaboration des petits campeurs du camp Carowanis, les scientifiques prévoient présenter un prototype de pancréas artificiel à Santé Canada dès cet hiver.
«Avec toutes les étapes qu’on a franchies, on espère vraiment qu’en cinq ans on pourrait le rendre accessible au grand public», indique le Dr Rémi Rabasa-Lhoret, endocrinologue et clinicien-chercheur à l’IRCM, et cosuperviseur de l’étude.
