De plus en plus d’élèves parlent français
Les allophones et les anglophones se tournent massivement vers la langue de Molière à l’école
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Le nombre d’élèves allophones qui étudient et qui choisissent de parler en français n’a cessé d’augmenter au Québec au cours des dernières années.
Au début des années 1980, à peine 4,6 % des élèves allophones à Montréal choisissaient d’utiliser le français comme langue d’usage, alors que près de 25 % préféraient l’anglais.
Aujourd’hui, la tendance s’est carrément renversée. Le quart des élèves allophones montréalais parlent français contre 12 % qui ont adopté la langue de Shakespeare. Et cette tendance se fait ressentir dans l’ensemble du Québec, indique un rapport du ministère de l’Éducation rendu public cette semaine.
L’effet de la Charte
Selon le Ministère, cette avancée est largement attribuable à la Charte de la langue française qui aurait eu un «effet marqué dans le domaine de l’enseignement».
«Le renversement de la tendance traditionnelle des élèves allophones à fréquenter l’école anglaise, la mobilité des élèves allophones vers le français et la diminution de la proportion d’élèves allophones admissibles à l’enseignement en anglais sont des effets directs de l’application de la Charte en milieu scolaire», peut-on lire dans le rapport.
Même le nombre d’élèves qui sont admissibles à l’enseignement anglais et qui choisissent malgré tout d’étudier en français est en augmentation, la proportion étant passée de 8,8 % en 1983-1984 à 12 % en 2012-2013.
Les écoles dépassées
Si le monde scolaire se réjouit de cette percée du français, il s’en inquiète aussi vivement. Avec les nombreuses coupes budgétaires des dernières années, bien des écoles francophones n’arrivent pas à offrir le soutien linguistique nécessaire à leurs élèves anglophones et allophones.
«Beaucoup de parents anglophones envoient leurs enfants dans notre réseau. Ils comprennent que le fait de posséder deux langues est essentiel de nos jours. Mais nous n’avons pas les ressources pour tout le monde. Les élèves anglophones, par exemple, ont accès à moins de soutien que les allophones», explique Lorraine Normand-Charbonneau, présidente de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement.
«On manque clairement de services. Souvent, on a tendance à orienter les élèves allophones vers la formation professionnelle où il n’y a aucun soutien linguistique offert.Ça complique la tâche des enseignants», souligne aussi Roxanne Messier, vice-présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal.
«N’empêche qu’il s’agit d’une excellente nouvelle, dit-elle. Nos élèves choisissent le français. C’était le but de la Charte. Mais il faut aussi avoir les ressources pour les aider.»