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Attention ! C’est dangereux !

Attention ! C’est dangereux !
Illustration Fotolia et Johanna Reynaud

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Quel automobiliste n’a jamais commenté la circulation dans le confort de sa voiture? Certains tempêtent dès que ça ne roule pas assez vite. D’autres, gérants d’estrade, aiment bien partager leurs connaissances. Clignote! Accélère! Freine! Crampe! Dégage! Les cyclistes doivent faire preuve de plus de modération...

L’ennui, c’est que les vélos n’ont pas de carrosserie. Tout ce que l’on dit risque d’être entendu! Certains cyclistes ne se privent pas pour autant. Devant une manœuvre imprudente, une portière ouverte les yeux fermés, un manque de savoir-vivre, ils interpellent, ils apostrophent, ils invectivent. Risqué!

Allez donc les condamner! Combien d’automobilistes mal lunés m’ont beuglé de prendre la piste cyclable! Comme si ma vie s’organisait autour de cet axe! D’autres ont ralenti pour me traiter de péquiste (ah!), sinon d’écolo tandis que je grimpais vaillamment la côte du Beaver Hall. Merci pour les encouragements!

Je n’ai pas l’habitude d’insulter ceux que je croise à bicyclette. Je remercie lorsqu’on me cède le passage. Je salue. Et quand je dois me faire entendre, je commence en douceur. «Attention!», «C’est dangereux!» Après? Je m’adapte à la situation.

Fautifs agressifs

Comme chacun le sait, sur la route, plus les gens sont fautifs, plus ils sont agressifs. Hier encore, j’ai dit «Attention!» à un travailleur, évité de justesse, qui traversait la piste cyclable les yeux fixés sur ses bottes. Loin de s’excuser, il m’a gratifié de son délire agressif. À moi de regarder où il allait! Ah bon!

Quelques jours plus tôt, sur Saint-Laurent, j’ai contourné, à mes risques, un véhicule utilitaire à l’arrêt, de biais, dans la voie de gauche. «Hé! Dangereux!» Ce simple constat a suffi à tirer la conductrice de son coma. Il lui a donné envie de me talonner sur trois pâtés de maisons, fenêtre ouverte.

Elle gueulait, en boucle: «À toi de regarder où tu vas!» Encore moi! La première fois, on écoute attentivement. À la cinquantième, on sait qu’on a affaire à une cinglée aux commandes d’un véhicule de plus de 2000 kilos. Pas très rassurant.

J’ai vu pire. Un soir que je roulais sur la piste Rachel, un homme s’est jeté devant moi puis s’est esquivé, au dernier moment, d’un mouvement de côté. Pensez à un torero avec sa cape. Effrayé, j’ai murmuré: «C’est dangereux!» L’imprudent, un comédien quelconque, complètement givré, m’a rattrapé à l’intersection. Il s’est planté devant moi et m’a hurlé un chapelet de menaces de mort à les yeux dans les yeux. Du lourd. Je suis demeuré très calme, mais quelque temps plus tard, un soir de première, lorsqu’on a voulu me présenter l’énergumène, je me suis enfui en courant!

Jamais je n’oublierai la fois où, après avoir évité in extremis une manœuvre qui a failli me coûter la vie, j’ai perdu mon sang-froid, sous le coup de l’adrénaline. «Imbécile!» «Danger public!» «Bachibouzouk!» Et autres noms d’oiseaux. Le chauffard excité m’a poursuivi dans les rues de Montréal en me couvrant d’insultes. On se serait cru au cinéma... Où diable Vin Diesel se cache-t-il quand on a besoin de lui?

Qu’on se le dise, face à un monstre de tôle confié à un psychopathe, le cycliste n’a aucune chance!

Vous conduisez? Et si vous en profitiez, aujourd’hui, pour saluer un cycliste... Rien d’extravagant. Un sourire. Un signe de la tête. Le dialogue urbain, ça commence là.

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