Le cœur grand comme l’océan
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Tous les jours, Stéphane Ouellet dit bonjour à Claudia, enfile ses runnings et part en courant dans la rue qui passe devant l’aréna local.
Les résidents de St-Bruno, au Lac-Saint-Jean, le saluent au passage. Ouellet leur rend leur salut en ajoutant un sourire.
À un moment donné, on donnait une fête à Saint-Gédéon, sur le bord du grand lac St-Jean. J’ai roulé souvent la distance en moto. Je dirais que ça fait une bonne dizaine de kilomètres entre St-Bruno et St-Gédéon. Certainement sept ou huit.
Claudia est arrivée la première avec son père et a attendu calmement la venue de son chum: «Stéphane s’en vient en courant», a-t-elle expliqué pour calmer l’impatience de son père.
Et René Tremblay, le père de Claudia, directeur des ventes à la station CKRS à Chicoutimi, raconte: «On a passé une belle soirée. Quand est venu le temps de quitter pour retourner à la maison, j’ai offert à Stéphane de monter dans notre voiture. Le diable d’homme a refusé et il est retourné à la maison à la course. C’est te dire à quel point il est sérieux», dit-il.
SOBRE ET EN FORME
La vérité, c’est que j’ignorais complètement que René Tremblay, une vieille connaissance du temps que Jeff Filion était morning man à la station de Chicoutimi dont René était le directeur général, j’ignorais donc que René était le beau-père de Stéphane Ouellet: «Ça fait neuf ans que Stéphane vit avec ma fille. Tu me connais, si Stéphane n’était pas correct, penses-tu que je laisserais faire ça?» de dire le beau-père.
C’est donc lui qui m’a raconté de long en large que Stéphane avait cessé de boire depuis six ans environ. Il a travaillé pour une compagnie de transport et, finalement, il a déniché un emploi qui le rend heureux dans la construction: «Stéphane a replacé sa vie dans la bonne direction. Mais il vivait avec le souvenir de sa raclée contre Joachim Alcine. Il désirait une dernière chance. Et, en même temps, ça le motivait à aller encore plus loin dans son retour à la santé. Il s’est lancé dans l’entraînement et je le dis, il est devenu une vraie machine. C’est pas croyable. Et là, il ajoute l’entraînement en gymnase avec Michel Desgagné qui a formé plusieurs boxeurs au Saguenay-Lac-Saint-Jean», d’expliquer René.
IL A QUAND MÊME 43 ANS
J’aurais aimé parler à Stéphane Ouellet hier soir. Mais il était retenu sur un chantier jusqu’à 10 heures. Dans le fond, j’aime bien mieux que le «Poète» soit pris avec son marteau sans avoir le temps de parler au téléphone que de l’imaginer dans un bar d’Alma en train de s’abrutir.
Son beau-père et ses voisins de St-Bruno croient que Ouellet a de grandes chances de réussir son retour. Ça se peut.
Mais il faut leur rappeler que Stéphane Ouellet n’a pas boxé depuis presque dix ans. Il a fait un retour dans un combat de démonstration contre un amateur à Victoriaville, mais on ne parlait pas de boxe professionnelle: «Son combat à Victo s’est très bien déroulé. Dans le fond, il voulait savoir s’il était capable d’affronter une foule. Les gens l’ont applaudi et Stéphane s’est bien senti dans sa peau», de noter René Tremblay.
Dix ans sans boxer, un nombre incalculable de brosses carabinées, bien de la boucane et 43 ans. Ça fait de gros handicaps à surmonter. Est-ce que c’est possible que les mains du «Poète» soient encore assez rapides pour éviter les coups de son adversaire Gary Kopas? Et à 43 ans, Ouellet a-t-il encore les réflexes nécessaires pour tenir tête à un bagarreur de la Saskatchewan de 34 ans?
Yvon Michel a choisi avec soin l’adversaire de Ouellet. Gary Kopas n’a pas gagné au cours de ses six derniers combats. Il s’est battu à Lachine l’année dernière contre un jeune boxeur haïtien et il n’a pas reculé. Tous ses combats sont sur YouTube. J’en ai visionné quelques-uns hier après-midi. C’est un taupin qui avance tout le temps pour tenter de placer un coup. À une certaine époque, Kopas n’aurait pas eu une chance sur un million de gagner un round contre Ouellet. Mais c’était à une certaine époque.
L’IMPORTANT N’EST PAS DE GAGNER
Mais l’important n’est pas de gagner le 27 septembre. Même si ce serait un baume sur les vieilles blessures de Stéphane. L’important est déjà arrivé. Stéphan Ouellet est sobre. Il est heureux depuis neuf ans avec la fille de René. Il gagne bien sa vie. Il s’entraîne et s’est redonné un corps d’athlète. Il vit dans l’honneur, lui qui a toujours eu une vision romantique de la vie.
S’il perd, ce ne sera pas grave. Il a déjà gagné un bien plus difficile combat.
René Tremblay qui adore son gendre a tout résumé: «Stéphane a tellement un grand cœur. C’est un cœur grand comme le lac… non… grand comme un fleuve…non… son cœur, il est grand comme l’océan.»