Appui aux forestières contre les Atikamekw
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ROBERVAL | Québec se range derrière les compagnies forestières qui entendent continuer à couper du bois, contre la volonté des Atikamekw.
«Les compagnies ont toute la légitimité de continuer leurs opérations», estime Pierre-Olivier Lussier, le porte-parole du ministre de la Forêt, Laurent Lessard. Il précise que, de fait, «les travaux forestiers se poursuivent normalement en forêt».
À Opitciwan, en Haute-Mauricie, le camp forestier affichait en effet complet et les travailleurs s’affairaient en forêt sans être inquiétés, sous les yeux attristés du Chef Christian Awashish.
«Ca vient me chercher, c’est émotif, souffle-t-il à travers le bruit assourdissant de la machinerie. J’imagine la famille qui occupe ce territoire. De leur vivant, ils ne le retrouveront plus.»
Mais les appels du Chef auprès des compagnies forestières leur demandant de venir s’asseoir avec sa communauté pour négocier une entente restent lettre morte.
Les industriels envisagent plutôt de répondre par la voix des tribunaux si leurs travaux devaient subir les conséquences des revendications autochtones, prévient le président du Conseil de l’industrie forestière, André Tremblay. «On intervient dans le respect de la loi, insiste-t-il. On a des contrats en bonne et due forme.»
Droits autochtones
François Dufresne, le président du Forest Stewardship Council (FSC), invite plutôt les industriels à mettre de l’eau dans leur vin. «Les Atikamekw sont de bonne foi, ils veulent s’entendre. Eux aussi veulent le développement économique de leur communauté, mais pas à n’importe quel prix», indique-t-il.
Il prévient que «les grands joueurs aux États-Unis sont très inquiets» de la gestion de la forêt québécoise, depuis que huit millions hectares de forêt d’ici ont perdu leur étiquette FSC. Ce système de certification des produits du bois qui garantit une gestion durable des forêts dans le respect des droits autochtones est exigé par 28 000 entreprises dans 113 pays du monde.
Mais pour M.Tremblay, l’industrie n’est pas concernée par les droits des Premières Nations. «Ce n’est pas un débat qui nous concerne directement. On est pris en otage, croit-il. C’est un débat de société.»