Deon Meyer meilleur que jamais

Pas de doute, Deon Meyer porte merveilleusement bien son patronyme: sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, il est indiscutablement l’un des meilleurs auteurs de polars contemporains, tous pays confondus. Mais d’après ce qu’on a pu constater, beaucoup trop de lecteurs québécois avides de suspenses captivants ne le connaissent pas encore. Une lacune qu’on espère pouvoir rapidement combler en les incitant à se procurer au plus vite Kobra, son neuvième thriller traduit en français. Car s’il y a une chose dont nous sommes absolument certains, c’est qu’ils s’empresseront ensuite de courir à la librairie ou à la bibliothèque pour mettre la main sur ses huit précédents titres!

Un succès jamais démenti

D’un roman à l’autre, Deon Meyer réussit en effet systématiquement à nous happer dès les premières pages. Trempant sa plume dans l’encre la plus noire pour raconter les sombres dessous d’un pays qui en a longtemps vu de toutes les couleurs à cause de l’apartheid, le maître du polar sud-africain nous permet de visiter sans passeport ni vaccins ses townships, ses bidonvilles, ses parcs nationaux et ses déserts, tout en nous offrant la chance unique de découvrir le quotidien souvent atypique de ses habitants afrikaans, anglais, xhosa, zoulous ou métis.

Une touche d’exotisme qui explique en partie l’immense succès de ses livres. Mais en ce qui nous concerne, ce sont surtout ses intrigues qu’on aime beaucoup, à la folie! Mettant tour à tour en scène le flegmatique Lemmer, un garde du corps au passé trouble, Mat Joubert, un flic afrikaner qui s’est reconverti en privé, ou Benny Griessel, capitaine de la brigade des Hawks, elles nous donnent chaque fois l’impression d’être engagé dans une véritable course contre la montre.

«Je n’ai pourtant pas de recette secrète, assure Deon Meyer, qu’on a pu joindre au téléphone à Stellenbosch, petite ville touristique située à environ 50 km du Cap où il habite avec sa famille. J’essaie simplement d’écrire les livres que j’aurais moi-même envie de lire et j’ai de la chance, parce qu’ils semblent également plaire à pas mal de gens! Cependant, même si je n’ai pas l’intention de dénoncer quoi que ce soit, j’essaie aussi de rester collé à l’actualité de façon à montrer ce qu’est vraiment l’Afrique du Sud d’aujourd’hui.»

C’est d’ailleurs un article publié il y a quelques années dans le New York Times qui lui a donné l’idée maîtresse de Kobra. «Il parlait du système que les États-Unis avaient mis en place pour débusquer les terroristes de la finance, indique-t-il. Et lorsque l’affaire Edward Snowden a éclaté, ça a aussitôt mis mon cerveau en ébullition!»

Une histoire venimeuse

Dans Kobra, on retrouve donc Benny Griessel, qui pourrait fort bien avoir replongé dans l’alcool après plus de 400 jours d’abstinence. Malgré ses cernes et ses vêtements fripés, il tentera néanmoins l’impossible pour découvrir ce qui est arrivé à Paul Anthony Morris, un mystérieux scientifique britannique porté disparu depuis que ses deux gardes du corps ont été retrouvés avec une balle dans la tête. Sa principale piste? Des douilles sur lesquelles figure un cobra prêt à frapper. Sans le vouloir, Benny mettra ainsi les pieds dans un vrai nid de serpents, de hauts fonctionnaires d’État préférant carrément lui retirer la direction de cette enquête…

Dans l’intervalle, Tyrone Kleinbooi, un jeune pickpocket du Cap, volera en douce le portefeuille d’une touriste britannique étrangement nerveuse. Et pour cause. Moins de 10 minutes plus tard, plusieurs agents de sécurité seront envoyés ad patres par un tueur d’élite dont les douilles affichent toutes une tête de cobra. Ayant réchappé de peu à ce massacre, Tyrone ne tardera pas à comprendre qu’il a par mégarde subtilisé quelque chose valant bien plus que la vie de sa propre sœur. Car s’il veut un jour pouvoir la revoir vivante, il devra faire affaire avec les criminels les plus crapuleux de la planète.

Un roman mené tambour battant qui fera peut-être lui aussi bientôt l’objet d’une adaptation cinématographique. «Pour l’instant, si tout va bien, Jusqu’au dernier devrait voir le jour à la toute fin de 2015, 13 heures devrait prendre l’affiche en 2016 et Lemmer, l’invisible, qui a été mis en option par une équipe française, sera éventuellement prochainement tourné», précise Deon Meyer.

Autrement dit, ce ne sont pas les sujets chauds qui manquent en Afrique du Sud.