Gilles Vigneault : poète de l'enracinement et de la renaissance
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Cela m’arrive chaque année, normalement quand l’automne passe à l’hiver, mais pas seulement : je me mets à écouter Gilles Vigneault, et pendant quelques jours, peut-être même quelques semaines, je n’écoute plus que lui, et je l’écoute à tue-tête. Ce soir, de retour de Lorraine vers Montréal, je me suis livré à ce plaisir et arrivé à la maison, j’ai attendu quelques chansons avant de sortir de la voiture, tellement je voulais demeurer dans son œuvre, tellement je m’y sentais chez moi. Ses chansons, je ne m’en lasse pas, et plus je les écoute, plus j’en comprends la subtilité, mieux j’en comprends surtout les différentes strates de sens. N’est-ce pas d’ailleurs le bonheur que nous offrent les vrais poètes?
Il y a dans l’œuvre de Vigneault, pour peu qu’on s’avance vers elle, une puissance hypnotique. Vigneault touche les plis intimes de l’identité québécoise, et cela non pas comme un idéologue mais comme un poète qui a créé à partir de sa propre culture, en s’immergeant en elle. Vigneault nous plonge au cœur du pays, il nous enfonce dans ses profondeurs. Si on préfère, il nous fait sentir ses racines. J’y sens vivre notre peuple, je crois pouvoir, avec lui, remonter aux sources premières de notre personnalité collective. On sent chez lui un pays grouillant de vie, qui s’est construit au contact du territoire et des éléments, on sent un peuple qui a cherché à marquer son empreinte originale dans le monde.
Notre pays est jeune et vieux à la fois. Il n’a pas une mémoire millénaire ou bimillénaire. Nous n’avons pas l’histoire glorieuse des conquérants qui pendant un siècle, ou quelques siècles, ont imposé leur rythme à la marche du monde, en croyant que leur histoire se confondait avec l’histoire universelle. Mais notre peuple ne se laisse pas définir non plus comme un pays neuf, comme s’il sortait tout juste de terre. Je me souviens, notre devise, témoigne de notre rapport intime à la mémoire. Au lendemain de l’Acte d’Union, c’est en écrivant l’histoire du peuple canadien-français que François-Xavier Garneau cherchera à fonder son droit d’exister. La beauté de notre histoire, c’est d’abord celle d’un peuple qui ne veut pas disparaître et qui s’accroche à l’existence de toutes les manières possibles.
Rien n’est plus contre-intuitif, aujourd’hui, j’en conviens. Les modernes sectaires aimeraient bien nous déraciner. Nos symboles, ils veulent les effacer, les laminer, les déconstruire. Ils prétendent nous libérer du passé alors qu’ils nous déshumanisent, ils provoquent une détresse psychique et culturelle que nous peinons pourtant à reconnaître, puisque nous ne voulons plus accorder quelque droit que ce soit au passé sur notre présent. Même lorsqu’il est semé de traces nous permettant de mieux nous comprendre. Le système médiatique qui se fait le propagateur d’une nouvelle culture globale souvent insignifiante accordée aux principes de la mondialisation cherche à frapper d’obsolescence l’héritage historique des peuples, qui entrave l’avènement de l’individu mondialisé.
Je le disais, les Québécois se sont inscrits dans l’existence en recouvrant leur mémoire, et cela, à plus d’une fois dans l’histoire, mais aujourd’hui, ils ne savent plus qu’en faire. Le discours historique sorti des années 1960, qui congédiait le passé canadien-français à la manière d’un rebus historique au mieux insignifiant, et au pire dégoutant, ne parle plus au cœur des Québécois à la recherche d’ancrages identitaires. Cela ne veut pas dire qu’il faille pour autant revaloriser systématiquement ce que nous rejetions hier, en s’amourachant de nos ancêtres, et diaboliser inversement la Révolution tranquille, comme le souhaitent plus ou moins ouvertement ceux qui la traitent comme une parenthèse à refermer. La Révolution tranquille a incarné dans notre histoire la possibilité de la grandeur.
L’œuvre de Gilles Vigneault, pour peu qu’on la médite, pour peu qu’on y plonge, permet de renouer avec la mémoire profonde de notre peuple, qui transcende la rupture de 1960 sans l’abolir. Il nous fait découvrir un peuple loin des stéréotypes médiatiques. Gilles Vigneault a renoué avec le vieux pays auquel il a rendu vie, sans pour autant nous y enfermer comme dans un musée. Il nous a rendu nos légendes, en quelque sorte, en recueillant mille histoires qui sans lui, seraient oubliées, pour les semer dans notre imaginaire collectif, et les faire fleurir. À travers ces mille histoires, à travers ses chansons et ses poèmes, qui évoquent tant et tant de trajectoires, il a raconté l’histoire d’un peuple, de sa joie, de son environnement, de ses peurs, de ses combats, de ses espérances. À travers lui, on voit notre peuple vivre au jour le jour et à travers les siècles.
Je ne ferai pas la liste de ses chansons qui me touchent le plus, parce que j’aurais tout de suite l’impression d’en sacrifier bien d’autres. Je dirai néanmoins qu’en l’écoutant, j’oscille entre le grand rire et la mélancolie, je suis émerveillé par les forces qu’il libère, et surtout, je me sens reprendre la foi dans ce Québec qui tarde à naître, comme si un empêchement profond entravait son plein avènement à l’histoire. Je ne crois pas me tromper en disant que Vigneault a cherché à transcender cet empêchement, à nous donner pleinement le goût de la vie québécoise. Il a voulu se faire le porte-voix d’un murmure de liberté qu’il a cru entendre en l’écoutant parler.
Je l’ai déjà écrit, je suis un nationaliste terrifié à l’idée que la vieille quête de l’indépendance avorte. Si cela s’avérait, le noyau le plus intime de notre culture se fissurerait. Le Québec se désenchanterait. Nous perdrions le goût du Québec, et les jeunes décideraient de le fuir mentalement, peut-être même physiquement, car qui voudrait s’entêter dans une culture qui a consenti à s’enfermer dans les très étroites limites d’un pays qui la traite comme un résidu folklorique, sans génie spécifique, sans accès à l’universel. On l’oublie, mais un peuple qui perd le goût de vivre peut mourir, en devenant étranger à lui-même et indifférent aux promesses qu’il s’était déjà fait.
En me replongeant dans Vigneault, toutefois, que je reprends espoir. Avec lui, c'est par l'enracinement que nous découvrons la possibilité de la renaissance. Et je me dis qu’un pays qui renoue avec ses légendes, qui redécouvre ses grands mythes, qui ne se laisse plus séduire par les déconstructeurs qui nous expliquent que tout, dans notre culture, est faux ou perfide, peut du coup se réanimer. Avec Vigneault, on comprend du moins une chose : un pays sans légendes, à la mémoire vide, aux racines sèches, n’est plus un pays, mais un territoire sans âme, un terrain vague, sur lequel n’importe qui peut se permettre n’importe quoi. En fait, un pays, pour renaître, doit renouer avec sa part la plus intime, avec ce qu’il ne peut renier sans se trahir lui-même. C’est à cette reconnexion que sont conviés aujourd’hui ceux qui espèrent encore pour le peuple québécois.
22 commentaire(s)
Le gouvernement libéral n'a pas d'argent pour rendre historique la maison de Gilles Vigneau mais oups! il en a pour reconstituer celle Luc Plamondon, AH! c'est vrai on a vue Plamondon à Sagard chez les Desmarais ,ça doit compter pour les libéraux. Si y a pas pour le moment les fonds pour l'un ,il n'y en a pas pour l'autre. Cherchez l'erreur?
Vigneault, un géant parmi le ti-peuple. Toute son œuvre transpire la vie dure mais enrichissante des Québécois et leur romantisme. Je connais presque toutes ses magnifiques chansons et elles rendent très souvent mes journées sublimement musicales et poétiques. Je suis fière de Vigneaut. Je suis fière de mon Québec, je l'aime et je l'aimerai toujours et à jamais.
le canada historique appartient aux amérindiens le peuple québécois est un invention de l'homme Blanc alors arrêter de pleurnicher...bande d'immigrés
Bel hommage.
Amusant aussi de remplacer dans votre texte le mot "pays" par le mot "Homme". L'essence même de la vie, de la dignité humaine. Celle, la dignité humaine, qui est malheureuse de plus en plus variable d'un individu à un autre selon l'avoir, la possession, la domination.
@Huguette
Avant de raconter n'importe quoi...
La subvention accordée par tata Pauline a été refusée par la fondation Gilles Vigneault qui n'a pas besoin de ca...pas par le PLQ...
Pour Plamondon ca devrait-être la même chose en plus il est résident fiscal en Suisse...vous avez vu Plamondon a Sagard...? vous êtes connectée vous...
Aucune de ces 2 bicoques ne présente aucun intérêt historique sauf pour les gogos...
Il faudrait aussi s'intéresser un peu à l'art contemporain et cesser de ressasser sur le passé...
Mon peuple origine de ses racines Françaises , soyons en fiers et ne laissons personne (style narmer) nous mépriser et nous cracher au visage chez nous.
Vigneault ,chaque fois que je l'entend,renouvelle ma joie d'être QUÉBÉCOIS .....l'unique reproche que je lui adresserais cependant est celui d'avoir crié trop tôt que notre maison était celle de tout les hommes de la terre. Commencons FÉROCEMENT par être chenous chez nous.
Bien que je sois français et que je vive à Paris, je me permets un petit commentaire. Cet article est un formidable mélange de tristesse, d'amour et d'espoir. En peu de lignes, il porte beaucoup de sens et d'émotions. Partir des chansons de Vigneault et de son univers pour résumer une partie de votre histoire et dégager une espérance donne une grande force à cet article. J'aimerais tant lire des articles comparables à celui-ci dans la grande presse française...
alain maronani dit : 24 novembre 2014 à 12 h 13 min @Huguette
Il faudrait aussi s’intéresser un peu à l’art contemporain et cesser de ressasser sur le passé... ------------
Quel grand génie, vous nous laissez bouche-bée.
C'est du même niveau que votre ami Sam Hamad: "les gens veulent une équipe de hockey, pas un pays".
Une chance qu'il existe des gens comme Gilles Vigneault, pour contre-balancer toute cette médiocrité.
Huguette fait sans doute référence à l'anniversaire de Jackie "toxine botulique" Desmarais.
Tapez les mots "desmarais sagard anonymous" dans le moteur de recherche de Youtube (pas google) et dans les deux premiers vidéos on y aperçoit Plamondon (le parolier de loin le plus surestimé au monde) festoyer avec nos maitres. Pire, c'est lui qui est responsable de la mise en scène du spectacle concept ridicule qui se déroule plus tard en soirée.
Toute cette pourriture se vautre dans l'auge aux cochons financée à l'huile de bras des nègres blancs d'Amérique.
PS. Le fait que vous ne connaissiez pas l'existence de ce vidéo nous éclaire sur l'impertinence généralisée de vos propos sur la question nationale.
J'ai connu le poète Gilles Vigneault en lisant quelques recueils de poèmes parus alors que j'avais 15 ans en 1959 : Contes sur la pointe des pieds, Balises et Étraves figuraient dans la bibliothèque de mon père. Puis j'ai eu un dentiste mélomane et musicien, le docteur Henri Hamel , un ami proche de Vigneault qui, pendant des séances douloureuses d'interventions me faisaient écouter du Vigneault et me parlait affectueusement et avec éloquence de ce poète immense. J'ai même eu, une nuit, un rêve étrange à son sujet où je lui avais envoyé un message gravé sur un caillou. Était-ce les résonnances de Caillou Lapierre ?
@Alain Maronani : J'ai personnellement rédigé le texte où Madame Marois remettait la subvention à la Fondation Gilles Vigneault, en présence de M. Vigneault lui-même. Ce fut un superbe événement, qui eut lieu au beau musée Pointe-à-Callière, et les gens de la fondation étaient très contents.
C'est vous qui racontez n'importe quoi.
« Le discours historique sorti des années 1960, qui congédiait le passé canadien-français à la manière d’un rebus historique au mieux insignifiant, et au pire dégoutant, ne parle plus au cœur des Québécois à la recherche d’ancrages identitaires. Cela ne veut pas dire qu’il faille pour autant revaloriser systématiquement ce que nous rejetions hier, en s’amourachant de nos ancêtres, et diaboliser inversement la Révolution tranquille, comme le souhaitent plus ou moins ouvertement ceux qui la traitent comme une parenthèse à refermer. La Révolution tranquille a incarné dans notre histoire la possibilité de la grandeur.»
Le «passé canadien-français», c'est le catholicisme. Et selon vous il ne faudrait pas revaloriser notre sainte Religion, il faudrait la garder comme vous avez déjà dit, mais dans mes mots ici, dans le musée de la mémoire comme un vulgaire objet de culture. N'est-ce pas là de la traitrise !? En est-on conscient ?
La «révolution tranquille» n'est en réalité que la résurgence de la «Révolution Française», mais de façon non sanglante ; et de plus, plus pernicieuse puisque cette révolution tranquille s'est attaqué directement à l'âme pour faire perdre la foi avec toutes ses conséquences au point de vue de la morale, tandis que la révolution française n'atteignait directement que le corps et a faite beaucoup de martyrs.
Alors m. Bock-Côté, de quel côté êtes-vous ? celui de nos ancêtres, ou celui des ennemis jurés de la sainte Église Catholique ? ( Église Catholique qui, je doit le préciser encore ici afin que les gens ne soit pas bernés plus longtemps, qui est éclipsée depuis l'avènement de vatican II par une contre-Église dont le chef actuel est Bergoglio, alias François ).
@Claude Villeneuve
La somme a été finalement refusée par la fondation et 800.000 $ pour une bicoque sans aucun intérêt historique montre bien qu'au Québec on jette l'argent par les fenêtres (la même chose pour Plamondon qui vient régulièrement nous donner des lecons) et est exilé fiscal en Suisse...un grand Québécois probablement...
@Maec
Rien contre Vigneault contrairement a ce que vous pensez, mais il faut savoir en sortir, s'intéresser a l'art de notre temps, le seul que nous ayons, et ne pas tomber dans l'idolatrie perpétuelle et inconditionnelle. J'imagine déjà les dégoulinades et le tartinage médiatique quand Vigneault va décéder...
@Claude Villeneuve
J'ai retrouvé l'information dans mes archives...donc je cite...
La Fondation du patrimoine de Gilles Vigneault, dont le poète est fiduciaire, a pris la décision en décembre de renvoyer une subvention de 750 000 $ au gouvernement du Québec, en raison des exigences trop élevées des ministères.
La fondation, qui a pour objectif de promouvoir le patrimoine bâti de Natashquan et la préservation des maisons du père et du grand-père du poète, est composée d’une dizaine de fiduciaires, dont Gilles Vigneault. En mai 2013, Pauline Marois, alors première ministre, avait annoncé une subvention de 750 000 $ pour la rénovation et la mise en valeur de la maison patrimoniale de la famille de Gilles Vigneault.
«La fondation, après un bon cinq ans de travail, considère que c’est trop compliqué de poursuivre le projet. Les exigences des ministères de la Culture et du Tourisme étaient trop complexes. La fondation n’arrivait pas à boucler la mise de fonds pour recevoir la subvention de 750 000 $», a expliqué Guillaume Hubermont, agent de développement pour la municipalité de Natashquan. «C’est vraiment du découragement. Ils jettent l’éponge», a-t-il ajouté.
Le lien web si le JDM laisse passer l'info...
https://fr.canoe.ca/divertissement/celebrites/nouvelles/2014/05/07/21656266-qmi.html
C’est vous qui racontez n’importe quoi....
@ Narmer dit : 24 novembre 2014 à 11 h 37 min
« le canada historique appartient aux amérindiens le peuple québécois est un invention de l’homme Blanc alors arrêter de pleurnicher...bande d’immigrés »
Nous sommes tous et chacun des immigrés sur la terre. Notre vraie Patrie c'est le Paradis, le Ciel. Le monde est une mer dont il y a qu'une seule «Arche de Salut» pour échapper au déluge universel.
@Roger Boivin
je suis bien d'accord avec vous,je suis fils d'immigré née en France , en France j'ai été traiter comme un moins que rien... ce serait trop long de vous expliquer, mais beaucoup de "Racisme rampant" Personnellement.. j'aurais bien voulu être née au canada Bonne journée a vous
Merci, monsieur Bock-Côté. Et j'espère que les négatifs n'entraveront jamais votre magnifique travail. Vous savez si bien exprimer nos valeurs fondamentales, respecter notre histoire et nous faire sentir fiers d'être nous-mêmes, c'est-à-dire Québécois.
@Alain Maronani :
Minute, papillon.
« La subvention accordée par tata Pauline a été refusée par la fondation Gilles Vigneault qui n’a pas besoin de ca...pas par le PLQ... »
L'article que vous citez est loin de justifier votre propos et surtout pas le ton que vous employez.
Si ça se trouve, c'est justement le genre de réactions irrespectueuses comme la vôtre qui a créé le malaise rapporté dans l'article.
« Aucune de ces 2 bicoques ne présente aucun intérêt historique sauf pour les gogos... »
« En fait, un pays, pour renaître, doit renouer avec sa part la plus intime, avec ce qu’il ne peut renier sans se trahir lui-même. »
C'est-à-dire la Foi de nos pères, la foi Catholique.
@ Narmer : Pierre Bourgault avait eu raison de répondre à un Amérindien qui lui avait dit qu'ils étaient là AVANT NOUS : «Je suis plus vieux que toi et je suis né ici, donc j'étais là AVANT TOI, alors je suis aussi «autochtone» que toi.» Pourquoi devrions-nous être entachés éternellement du «péché originel» des premiers colons français qui, soit-dit en passant, on été les moins cruels envers les Amérindiens? Beaucoup moins cruels que les Anglais et les Espagnols qui ont éradiqué les Amérindiens d'Hispaniola?
Cette tentative de culpabilisation que vous faites est aussi navrante que le rejet anti «Maudit Français» que vous avez subi à votre arrivée et que vous subissez encore, probablement. Je le regrette aussi, tout comme vous.
Monsieur Bock-Côté, Bravo. Bravo aussi à tous les lecteurs qui ont applaudi à votre écriture, dont je suis. Que de fois me suis-je dit, "Quand même! Avoir été de la même époque que Gilles Vigneault! Essayez de battre ça. Et tous ses voyages, direction fin de la 138.
"Est-ce vous que j'appelle Ou vous qui m'appelez Langage de mon père Et patois dix-septième Vous me faites voyage Mal et mélancolie Vous me faites plaisir Et sagesse et folie Il n'est coin de la terre Où je ne vous entende Il n'est coin de ma vie À l'abri de vos bruits Il n'est chanson de moi Qui ne soit toute faite Avec vos mots vos pas Avec votre musique"
Gilles Vigneault, "Les gens de mon pays"