Une institution de la rue St-Laurent visée
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Un des steakhouses les plus emblématiques et les plus anciens de la métropole est dans la mire du fisc pour des taxes de vente non remises et des impôts impayés de plus d’un demi-million de dollars.
Selon des documents obtenus par notre Bureau d’enquête, le restaurant Moishes de la rue St-Laurent, au centre-ville de Montréal, fait en ce moment l’objet de cotisations par l’Agence du revenu du Québec (ARQ) pour une somme totale de 675 046$.
Un avis d’inscription d’une hypothèque légale a été affiché sur le restaurant le 15 décembre pour protéger le fisc en cas de non-paiement des cotisations.
Selon l’avis, les cotisations concernent des taxes non remises à l’État en vertu de la Loi sur la taxe de vente du Québec pour un montant totalisant 521 319,60$ pour la seule année 2013.
Revenu Québec réclame aussi 154 086,49$ à Moishes pour des impôts impayés sur la période de 2010 à 2013.
Moishes est le plus ancien restaurant de la métropole à être toujours resté à la même adresse. Le steakhouse a été fondé en 1938 par Moishes Lighter, un immigrant d’origine roumaine.
Selon la légende, Lighter aurait obtenu le restaurant après avoir gagné contre son propriétaire au poker.
Le restaurant spécialisé dans les grillades est toujours la propriété de la famille Lighter 76 ans plus tard. Il est géré en ce moment par les frères Leonard et Larry Lighter.
Il a accueilli au fil des ans de nombreuses vedettes, comme Robert de Niro, Céline Dion, Pénélope Cruz et Julia Roberts.
Le romancier Mordecai Richler a aussi immortalisé le restaurant dans ses romans.
Première en 76 ans
Leonard Lighter nous a dit que c’était la première fois en 76 ans que le restaurant avait des démêlés avec le fisc.
«Nous pensons que le litige actuel avec Revenu Québec est basé sur une mauvaise compréhension fondamentale de certaines procédures opérationnelles chez Moishes», nous a-t-il écrit.
Il a dit être confiant d’en arriver à une entente satisfaisante pour les deux parties.
D'autres joueurs
Ce n’est pas la première fois que Revenu Québec cible un restaurateur bien connu. Le groupe des Restos Plaisirs, dans la région de Québec, et ses employés se sont fait cotiser en janvier pour des pourboires non déclarés.
Le fisc a calculé que 3,5 millions $ en pourboires n’avaient pas été déclarés entre 2010 et 2012.
Selon la porte-parole de l’Association des restaurateurs du Québec, Dominique Tremblay, il faut être prudent avant de tirer des conclusions.
«Revenu Québec fait des calculs des fois et peut se tromper», a-t-elle dit.