L’intelligence d’Hydro-Québec
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En 2011, Hydro-Québec annonçait son intention d’installer 3,75 millions de compteurs intelligents à la grandeur de la province. Une opération gigantesque, censée faire épargner 300 millions $ à la société d’État d’ici à 2031... en théorie.
À première vue, l’idée semble intéressante. Ces gadgets électroniques ont quand même été inventés pour permettre une gestion plus efficace de l’énergie.
Ils permettent d’augmenter les tarifs en temps réel lors des périodes de pointe ou de les diminuer en périodes de faible demande. Ce qui aurait pu inciter les Québécois à consommer plus efficacement, eux qui sont les plus grands gaspilleurs d’électricité au monde.
Technologie intelligente ?
Comble de surprise, la société n’a même pas acheté une technologie assez avancée pour permettre d’utiliser les compteurs intelligemment! Si elle voulait un jour rendre sa tarification plus flexible, elle devrait payer des options supplémentaires à des fournisseurs étrangers, à un coût substantiel.
Pourquoi Hydro-Québec n’a-t-elle jamais signalé la moindre intention d’utiliser ses compteurs intelligemment? Le manque de confiance des consommateurs envers la société d’État y est peut-être pour quelque chose. Ceux-ci craindraient qu’Hydro saute sur l’occasion pour demander des hausses de tarifs.
Surestimation des coûts
Hydro-Québec justifie donc ses achats de compteurs «intelligents» par des économies de coûts. Personne n’est contre l’efficacité. Si la société avait montré hors de tout doute que les nouveaux compteurs lui feraient économiser de l’argent, ce serait une tout autre affaire.
Or, son analyse des coûts ne fait pas non plus l’unanimité. Si on inclut tous les raccourcis empruntés dans ses analyses, on trouve qu’elle n’épargnera peut-être pas un sou. Pire, elle perdra peut-être même au change, aux frais des consommateurs.
Par exemple, elle devra mettre à la casse d’anciens compteurs qui fonctionnent encore très bien. Hydro-Québec a pourtant glissé ce coût sous le tapis! Pourtant, lors de la mise en place du projet, plus de la moitié des compteurs du Québec n’avaient pas atteint leur fin de vie.
Pire, les compteurs électroniques ont une durée de vie moyenne inférieure à celle des anciens compteurs. Ils risquent de ne durer que 15 ans, comparativement à 25 pour les compteurs non intelligents. Dans certaines de ses analyses, Hydro-Québec a pourtant omis d’inclure leur coût de remplacement après 15 ans!
La possibilité de dépassement de coûts y serait aussi sous-estimée. Pourtant l’Ontario, qui a adopté des compteurs réellement intelligents, a dû faire face à ce problème ces dernières années. Un assez gros oubli, merci!
Problème d’image
Imaginez! En installant des compteurs intelligents, Hydro-Québec pensait même épargner sur le service à la clientèle. Ses clients seraient tellement satisfaits, pensait-elle, que 21 employés de moins seraient nécessaires. Je serais curieux de savoir ce qu’il en est...
En ne faisant pas de projets pilotes sérieux et en communiquant mal avec la population avant de mettre en branle son chantier, elle s’est plutôt rendue vulnérable à toutes sortes de critiques. Elle est maintenant aux prises avec une crise chaque fois que son système de facturation fait le moindrement défaut ou qu’une bourde est commise par ses installateurs. En matière de succès, on repassera!