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Pourquoi il faut pouvoir exporter le pétrole canadien

Pourquoi il faut pouvoir exporter le pétrole canadien


Il est tout à fait légitime de s’opposer, dans un souci de protection de l’environnement, à l’exploitation des sables bitumeux de l’Ouest et à la construction de pipelines pour permettre l’exportation du pétrole canadien. Mais si l’environnement compte pour beaucoup, ce n’est pas tout.

Les événements des derniers jours nous rappellent que la filière des énergies fossiles dépasse la seule question environnementale. Mais les militants verts fréquentent peu l’univers de la géopolitique de l’énergie. Je les comprends, c’est très sale. Plus sale que le plus sale des pétroles. Mais il le faut.

La malédiction saoudienne

Les pétromonarchies du golfe Persique, l’Arabie saoudite en premier lieu, 2e pays producteur après la Russie, financent et soutiennent la logistique qui permet la propagation de l’islam pur et dur partout, dans le monde à même les revenus qu’ils tirent de l’or noir et du gaz dans leur sous-sol.  

Ou tolèrent que leurs «sujets», on ne saurait parler de citoyens, le fassent par la porte d’en-arrière, pendant que les dirigeants gardent le sourire et la main tendue quand leurs clients et partenaires occidentaux leur paient une visite de courtoisie.

L’islamisme, ou islam politique, ne peut survivre sans les bonbonnes d’oxygène des richissimes théocraties ultra conservatrices du golfe.

N’oublions jamais les deux principaux objectifs que vise l’Arabie saoudite: s’enrichir grâce au pétrole et protéger/propager un islam pur en tant que pays gardien de La Mecque.

L’influence saoudienne se fait sentir en Occident où ils financent des écoles, la production et l’achat de manuels scolaires, la construction de mosquées et de centres communautaires ainsi que la formation d’imams dont ils prennent en charge le salaire. Un cadeau pour les petites communautés musulmanes en Occident qui n’ont pas les moyens de s’offrir un imam à temps plein ou un lieu de prière décent.

Le wahhabisme, nom que l’on donne à l’islam radical des Saoudiens, se répand de plus en plus dans des pays qui possédent des  traditions islamiques moins extrêmes

Je pense à l’Inde où l’on croise désormais des femmes en niqab alors que cette tenue ne fait pas partie des traditions musulmanes en Asie. La preuve, on appelle «niqab du golfe» le voile intégral qui ne laisse paraître que les yeux.

Pacte avec le diable

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, connaissent le prix de leur alliance avec l’Arabie saoudite. Ils estiment que le jeu en vaut la chandelle. Moins pour l’accès au pétrole depuis la révolution du gaz et du pétrole de schiste américains, que pour la présence de bases militaires au Moyen-Orient et la quasi-certitude, dans l’éventualité d’une guerre entre l’Iran et les États-Unis, que l’Arabie saoudite se rangerait du côté américain.

Pour sa part, la France entretient des liens étroits avec le Qatar, lui aussi wahhabite, invitant même ce pays à se joindre à la Francophonie, le comble du comble du ridicule. Mais le Qatar pompe des dollars en France, pardon, investit en France, avec un panache que peu de pays peuvent se permettre. Depuis 2011, le club de soccer Paris Saint-Germain, le CH parisien, appartient à des Qataris qui ont mis cent millions d’euros pour recruter des joueurs vedette dès leur arrivée à la direction du club.

La boutade de Charles de Gaulle est éternelle: les États n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts.

Et des ennemis.

Un grand rôle pour le Canada

Revenons à nos moutons canadiens. Le top 10 au classement des pays producteurs de pétrole ne compte que deux pays que l’on pourrait décrire comme des états de droit, des démocraties complètes : les États-Unis en 3e position et le Canada en 5e.

Par contre, les États-Unis ne peuvent exporter leur pétrole. La loi américaine l’interdit.  

Qui sont les huit autres grands producteurs ? La Russie, qui se sert de son pétrole et de son gaz pour manipuler ses voisins européens, notamment l’Ukraine, l’Arabie saoudite, la Chine, l’Iran, l’Irak, les Émirats, le Mexique et le Koweït.

À part le Mexique, et encore, que des infréquentables. Et c’est d’eux dont l’Occident dépend pour son pétrole. Eux que l’Asie, en pleine modernisation enrichit, alors que le monde libre pourrait se tourner vers le Canada pour s’approvisionner en pétrole.

Mais pour cela, il faudrait construire des pipelines auxquels les environnementalistes s’opposent.

La myopie québécoise

Avouons que les environnementalistes québécois, majoritairement souverainistes, ont un regard très sélectif sur les grands pollueurs de la planète.

Le Québec importe principalement son pétrole d’Algérie, du Kazakhstan, du Mexique et d’Angola, pays qui se trouvent respectivement au 92e rang, 84e rang, 65e rang et 160e rang (sur 178 pays) sur l’Index de protection environnementale (EPI). Le Canada occupe la 24e place.

A beau polluer qui vient de loin. Sans compter que tout ce brut est transporté sur le Saint-Laurent à chaque jour que le bon Dieu amène.

Et on ne parlera pas des droits de la personne.

Quand je vous dis qu’il n’y a pas de solutions faciles à des problèmes complexes...

 







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