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Le Bloc disqualifié



La FTQ ne s’attendait certainement pas à voir étalé au grand jour par les médias le contenu de sa stratégie pour s’immiscer dans la prochaine élection fédérale. Cette présentation, qui a été faite à plusieurs dirigeants de la FTQ en novembre, parle de faire «une fine analyse des voteurs» pour les influencer, ainsi que des circonscriptions à cibler. C’est un langage qui relève davantage des mercenaires de l’organisation politique que de la démocratie syndicale.

L’objectif est clair: faire battre les conservateurs. Bien que je reconnaisse le droit d’une organisation de travailleurs de s’exprimer à fond dans le débat démocratique suprême qu’est une élection, je déteste les voir débarquer dans l’arène électorale de cette façon.

D’abord, les gens n’ont pas à se faire dire comment voter. Puis, je m’interroge toujours sur la légitimité de dépenser des fortunes, à partir des cotisations syndicales extrêmement élevées des travailleurs, pour aller jouer la joute électorale. Les partis politiques en font déjà beaucoup et dépensent assez d’argent.

Le NPD d’abord

Dans ce cas-ci cependant, un autre aspect me frappe. Le document étoffé de la FTQ prend clairement le Parti conservateur de Stephen Harper pour cible à abattre, ce n’est pas une surprise. L’étonnement vient plutôt du fait que la puissante FTQ donne prioritairement son appui aux candidats du NPD, et potentiellement même aux libéraux de Justin Trudeau, si ceux-ci sont plus à même de battre le conservateur dans un comté.

Le Bloc? Il n’existe pas. Il n’est jamais considéré. Oublié. Aux douches! Pourtant, la FTQ a été depuis les années de René Lévesque un allié des partis souverainistes. Il est vrai que la FTQ n’a pas appuyé formellement les souverainistes dans chacune des élections fédérales ou québécoises. Lors de différends comme sous André Boisclair, la FTQ ne s’en mêlait pas officiellement et laissait ses membres agir individuellement.

Ignoré, c’est pire !

Cependant, je n’ai pas souvenir d’avoir vu la FTQ s’engager activement dans une campagne, déployer des énergies et y consacrer des ressources, sans même considérer comme une option le parti souverainiste sur les rangs. Il y a toutes sortes de situations à gérer en politique. Tes adversaires t’attaquent, normal. Tes alliés te critiquent, il faut y voir. Tes adversaires t’ignorent parce que tu es trop faible, ça fait mal. Mais ce cas particulier où tes alliés d’hier t’ignorent complètement, font comme si tu n’existais pas, c’est carrément un clou dans le cercueil.

L’appui au NPD constitue aussi un couteau dans le dos du Bloc. On me dira que le Bloc est pas mal à gauche et le NPD aussi, donc ils ne sont pas si loin. Cela n’est valable qu’en dehors des périodes électorales. En campagne, l’ennemi est celui qui t’arrache tes votes. De cet angle, le NPD est celui qui a lessivé le Bloc en 2011 et pourrait l’achever en octobre prochain.

Je faisais partie de ceux croyant qu’il ne fallait pas enterrer le Bloc trop vite. Si je me fie à la FTQ, je me suis peut-être trompé.

 






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