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Mort d’Alain Magloire: les policiers sont mal formés pour intervenir sous le stress

La formation policière critiquée durant l’enquête sur la mort d’Alain Magloire

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Les policiers sont mal formés pour intervenir dans des situations de grand stress, a affirmé un expert lors de l’enquête du coroner sur la mort du sans-abri Alain Magloire.

«Quand t’as peur de mourir, t’es stressé et tu n’as plus d’empathie», a affirmé hier Bruno Poulin, expert en emploi de la force de l’École nationale de police du Québec.

Selon M. Poulin, l’intervention policière qui a mené à la mort de M. Magloire, le 3 février 2014, était teintée par cette peur de mourir.

«On demande aux policiers d’agir et de réagir vite. Est-ce que l’enseignement va en ce sens-là?», a questionné le coroner Luc Malouin.

«Très peu», a admis M. Poulin, qui croit que les apprentis policiers devraient être soumis à plus d’entraînements sous stress.

Le Taser remis en doute

Questionné à savoir si l’utilisation d’un pistolet Taser aurait pu prévenir la mort de M. Magloire, M. Poulin s’est montré sceptique.

«Si une arme à impulsion électrique était arrivée plus tôt sur les lieux, on aurait peut-être pu éviter ça... mais j’insiste sur le “peut-être”», a-t-il dit.

À un certain moment, les policiers ont eu «une fenêtre d’opportunité» pour utiliser le pistolet Taser, mais très vite, la menace que présentait la victime s’est accentuée, a expliqué le témoin.

En droit de tirer

Selon M. Poulin, l’agent du SPVM Mathieu Brassard était en droit de tirer lorsque M. Magloire a brandi son marteau au-dessus de la tête du policier Pascal Joly, alors étendu au sol.

L’expert a expliqué que ce n’est que lorsqu’un policier sent qu’il y a un risque de lésions corporelles graves ou mortelles, pour un citoyen ou un policier, qu’il peut utiliser son arme ou employer toute force policière potentiellement mortelle.

Il estime aussi qu’un peu plus tôt durant l’intervention du 3 février, l’agente Jeanne Bruneau avait également intérêt à sortir son arme, car le risque était assez élevé.

Quant à savoir si les quatre coups de feu tirés par l’agent Brassard étaient ou non exagérés, M. Poulin a une fois de plus approuvé les manœuvres des policiers.

Selon l’expert, jusqu’à 70% des balles tirées en situation de stress n’atteignent pas leur cible.

«Les policiers sont entraînés à tirer jusqu’à tant qu’ils aient la perception que la menace a cessé», a-t-il dit.

Le témoin a fait à peine une critique envers le travail des quatre agents du SPVM. Ce jour-là, comme Alain Magloire était en état de psychose, les policiers auraient pu davantage orienter leur intervention vers la relation d’aide «tout en demeurant très alertes», a suggéré M. Poulin.

«Sous stress, l’empathie prend le bord», a ajouté l’expert.

«Un fléau»

Reste que le danger que présentait la victime était évident, a-t-il précisé.

Lorsque le coroner a demandé à M. Poulin ce que les policiers peuvent faire lors d’une intervention auprès de personnes en crise et présentant des problèmes de santé mentale, M. Poulin n’a pas su quoi répondre.

«C’est un fléau. Tout le monde essaie de trouver une solution», a-t-il dit.

L’enquête du coroner Luc Malouin reprendra le 9 mars avec le contre-interrogatoire du témoin.

 

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