Le poids, principale cause d’intimidation chez les ados
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Le poids serait la principale source d’intimidation chez les adolescents, mais le personnel scolaire ne semble pas suffisamment outillé pour agir efficacement et prévenir les séquelles chez les jeunes, révèle une étude.
Pas moins de 90 % des adolescents interrogés disent avoir été témoins d’intimidation par rapport au surpoids dans leur école.
Et près de la moitié d’entre eux croit que le poids est la caractéristique principale pour laquelle une personne de leur âge risque de se faire intimider, selon l’étude réalisée pour l’Association québécoise pour la santé publique (AQPS).
«On soupçonnait fortement que le poids était une dimension importante de l’intimidation chez les jeunes. Et pourtant, en regardant la loi 56 sur l’intimidation, on ne parle de surpoids nulle part», remarque la chercheuse Annie Aimé, du département de psychoéducation et de psychologie à l’Université du Québec en Outaouais.
Même de la part d’adultes
«Nous avons une obsession collective pour le poids et, parfois, on oublie de relativiser, explique Mme Aimé. Je pense que ça prend un changement de regard. Il faut agir au même titre que pour les autres causes d’intimidation et clamer haut et fort que ce n’est pas acceptable.»
Si les autres élèves de l’école sont la source la plus fréquente de l’intimidation, les jeunes victimes affirment également recevoir des commentaires négatifs de la part des professeurs, notamment ceux d’éducation physique.
«On doit être vigilant, comme adulte, de la façon dont on communique avec eux, estime la chercheuse. Leur dire qu’ils ont besoin de perdre du poids ou les culpabiliser, ce n’est pas les aider. Plusieurs ne voudront plus se présenter aux cours par la suite, ce qui ne règle pas le problème.»
Les conséquences de l’intimidation par rapport au poids peuvent être graves, souligne Annie Aimé: baisse de l’estime de soi, isolement, dépression, anxiété et troubles alimentaires, notamment.
«On est tellement préoccupés par le fait que le surpoids est dangereux pour la santé physique, qu’on induit peut-être des problèmes psychologiques», avance-t-elle.
Selon Mme Aimé, les écoles devraient avoir des stratégies particulières par rapport au poids dans leur plan de lutte contre l’intimidation.
«Je comprends les enseignants et les intervenants qui se demandent comment intervenir dans une telle situation, ce n’est pas évident», dit-elle, soulignant que l’AQPS a conçu un guide qui explique comment prôner l’exercice physique pour se sentir bien, et non pas que pour perdre du poids.