Les Russes : une expérience unique
Bowman

Quelle journée! Tout a débuté vendredi midi, alors que j’ai profité de la magnifique température dans la région de Sarasota, en Floride, pour assister à un match de baseball dans le cadre du calendrier des rencontres préparatoires.
Je ne m’en cache pas, j’adore le baseball.
Puis, à 16 h 05 exactement, j’ai eu le plaisir de voir le film sur la vie des joueurs soviétiques à l’époque de Viktor Tikhonov. J’ai participé au tournage de ce film que vous allez sûrement apprécier si vous êtes un amateur de hockey.
J’aimerais m’attarder sur les joueurs russes. Lors de mes années à Detroit, j’ai dirigé cinq joueurs élevés dans l’ancien régime de l’Union soviétique : Vladimir Konstantinov, Slava Kozlov, Sergei Federov, Vyacheslav Fetisov et Igor Larionov.
J’ai vécu une expérience unique en côtoyant les cinq joueurs que j’utilisais comme quintette à l’occasion. Larionov, qui est aujourd’hui l’agent d’Alex Galchenyuk, entre autres, était le chef du groupe.
Ça peut paraître étonnant puisqu’à 38 ans, Fetisov demeurait toujours, aux yeux de bien des Soviétiques et des Russes, le plus grand joueur de l’histoire de ce pays. À ses meilleures années, on le comparait à Bobby Orr. De prime abord, on pouvait penser qu’il était le parrain des joueurs soviétiques.
Un rassembleur
Mais Larionov était un rassembleur. Un joueur brillant, un athlète toujours en bonne forme et qui avait une vision exceptionnelle du jeu. C’était celui que je consultais pour passer un message aux quatre autres joueurs. Et on l’écoutait.
Je me proposais, lors d’un match à Detroit, de les utiliser tous les cinq à l’occasion d’une supériorité numérique. Ça faisait quelques semaines que je mûrissais cette idée, mais j’hésitais parce que j’avais expliqué à Larionov que leur problème, c’était qu’ils ne lançaient pas la rondelle. Ils se plaisaient à faire des passes, à contrôler le disque, sans toutefois tester le gardien.
Une notion différente
Un jour, à l’entraînement, j’avais invité Larionov et son groupe à une séquence où ils évolueraient en supériorité numérique.
«Igor, avais-je dit, si vous ne lancez pas la rondelle, je siffle et j’arrête tout ça.»
La séquence durait depuis 15 secondes et toujours pas de tir.
Le sifflet.
«Igor, je vous avais dit de lancer au filet.»
«Très bien, Scotty, on comprend ça, mais si nous ratons la cible et que la rondelle quitte le territoire, tu vas nous remplacer.»
Ils étaient vraiment des joueurs qui avaient une notion différente du sport du hockey. Ils avaient été élevés dans un régime dur, difficile, dans un régime parfois cruel, mais c’était l’unique façon pour eux d’avoir une vie plus confortable, plus agréable, et d’avoir l’occasion de visiter d’autres pays. Leur statut leur procurait plusieurs privilèges dans l’ancienne Union soviétique.
Jets-Lightning
Finalement, pour compléter ma journée de vendredi, j’ai assisté au match entre le Lightning et les Jets de Winnipeg, à Tampa. Comme je vous l’ai précisé en quelques occasions, je rate rarement un match du Lightning. Ça me permet de voir à l’œuvre toutes les autres formations de la ligue, d’apporter des recommandations à mon fils Stan, directeur général des Blackhawks de Chicago, et aussi d’être bien informé de ce qui se passe en coulisses. J’adore.
Le Lightning, comme vous le savez, a été solidement frappé par les blessures lors du match contre le Canadien. Braydon Coburn, Cedrik Paquette et Ondrej Palat sont sur la touche. Et, du côté des Jets, Brian Little et Dustin Byfuglien sont également blessés. Ce sont des situations difficiles pour les entraîneurs, surtout à ce stade-ci de la saison.
D’ailleurs, à travers la ligue, les joueurs tombent comme des mouches. Les matchs sont intenses, la compétition est féroce, vous ne pouvez surtout pas mettre les freins. Il est donc à prévoir que les blessures risquent de contrecarrer vos plans.
Et ce que je retiens également, c’est le peu de buts marqués depuis quelques jours. Cette semaine, les Blues de St. Louis ont gagné 1 à 0 en tirs de barrage. Les Blackhawks, évidemment, avec la perte de Patrick Kane, ont du mal à produire une attaque dangereuse.
Je sais qu’à Montréal l’inquiétude s’installe, mais c’est un phénomène qu’on retrouve à travers la ligue. On ne marque pas beaucoup de buts...
Belle remontée des Sénateurs
Cela dit, les Sénateurs vont-ils réussir l’impensable, se tailler contre toute attente une place dans les séries éliminatoires? On ne croyait pas à cette possibilité il y a à peine une semaine, mais voilà que les Capitals de Washington éprouvent des ennuis, ils ne gagnent plus et les Bruins s’approchent dangereusement de cette formation.
Pendant tout ce temps, les Sénateurs et Mark Hammond ne perdent pas.
Quelle remontée spectaculaire.
Parfois un gardien arrive de nulle part, surgit de la Ligue américaine alors qu’il passait pratiquement inaperçu, et devient un joueur d’impact. C’est le cas pour Hammond.
Je crois que le Canadien a vécu une telle expérience il y a plusieurs années avec Steve Penney.
N’avait-il pas été un gardien étonnant? N’avait-il pas aidé son équipe à obtenir une qualification aux séries éliminatoires?
Quelle journée!