Radio-Canada: De mal en pis
Oh, la nouvelle ne fut guère ébruitée, sauf par quelques cris du cœur sur les réseaux sociaux. Nous apprenions le 30 mars qu’ICI Musique, ex Espace Musique et ex Chaîne culturelle laissait tomber à partir du 1er avril, l’enregistrement et la production de concerts. Sous le coup, nous écrivions « Des concerts Y’en aura pu »,
https://www.journaldemontreal.com/2015/03/30/des-concerts-yen-aura-pu
et, comme une traînée de poudre, les commentaires ainsi que les « clicks » d’appréciation ne se firent pas attendre.
Après l’émotion, puisqu’il s’agit d’un grave tournant dans l’histoire de la Société Radio-Canada qui avait le mandat de soutenir les jeunes musiciens, et la musique classique tout court, voyons les faits.
Nous avons appris que dans cette petite enceinte qu’est ICI Musique, 10 postes allaient être supprimés, puis que 80 % du budget alloué à l’enregistrement des dits-concerts venaient de fondre comme neige au soleil. Dans la foulée, les fils de presse nous apprenaient que les émissions de Rémy Girard, Michel Keable et François Dompierre ne seraient pas de retour l’an prochain. L’émission sur les jeunes musiciens (belle ironie) prendra aussi la clé des champs, puis un grand point d’interrogation sur le sort de la chanteuse Florence. K.
Dans le chaudron actuel des finances publiques et les compressions auxquelles fait face la société d’État, normal me direz-vous, sauf que plus le temps passe et plus cet idiome radio commence à ressembler à une coquille vide. Qu’il y ait des émissions dédiées à la chanson soit, du jazz tenu de main de maitre par Stanley Péan, nous sommes d’accord. Félicitons-nous du travail d’artisan du pianiste Alain Lefèvre tout comme des « envolées nostalgiques » de l’animateur Claude Saucier, mais faire disparaitre presque corps et bien l’enregistrement et la captation de concerts, relève du déni.
Depuis sa fondation, le mandat de Radio-Canada a toujours été de soutenir d’un bout à l’autre du pays, les jeunes et moins jeunes créateurs. Anéantir ce qui est l’essence même ou la génétique de cette institution, revient à dire qu’elle ne pourra plus prétendre à la différence, et encore moins « concurrencer », les autres stations musicales.
L’horizon est bien sombre, puisque sans vouloir jouer à « l’oiseau de malheur », Ici Musique qui n’a jamais trouvé sa place dans le monde radiophonique est menacée d’extinction. Pour satisfaire au dictat économique au détriment de la culture, un transfert du tout vers une plateforme web est loin d’être exclu (souvenons-nous qu’un ancien haut dirigeant l’avait déjà évoqué), avec des conséquences on ne peut plus désastreuses.
Il faudra bien un jour que quelqu’un se pose des questions sur les « allers-retours » d’un espace radio qui offrait il fut un temps, de la matière pour le cerveau et l’avancement de la culture.
Un merci tout particulier au grand trompettiste et homme de lettres Guy Bardet pour la relecture du texte
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